Commission Rouleau : le ministère des Finances craignait pour l’industrie automobile
Radio-Canada
La reprise économique était « très, très fragile », et les perturbations à la frontière, si elles s'étaient poursuivies, auraient pu avoir des impacts économiques importants, particulièrement sur l'industrie automobile, ont souligné jeudi trois hauts fonctionnaires du ministère des Finances du Canada à la Commission d'enquête sur l'état d'urgence.
Plus que l'occupation du centre-ville d'Ottawa, les barrages de Windsor, Sarnia, Emerson, Coutts et Surrey étaient une source élevée de préoccupations, a notamment expliqué le sous-ministre Michael Sabia, qui était auparavant président du conseil d'administration de la Banque de l'infrastructure du Canada (BIC).
Il s'agissait à l'époque d'une période très délicate, a-t-il, rappelé, en raison de la pandémie de COVID-19, mais également de l'imminence de l'invasion russe en Ukraine.
L'une des craintes du ministère des Finances était que le Canada cesse d'être perçu comme un bon partenaire d'affaires par les États-Unis, alors que la Maison-Blanche était en train de revoir sa façon de faire des affaires avec l'étranger.
M. Sabia redoutait entre autres que les Américains commencent à douter du fait qu'ils pouvaient compter sur le Canada comme source fiable d'approvisionnement, et qu'ils déplacent leur production ailleurs dans le monde, ce qui aurait pu avoir un impact significatif sur le PIB et la croissance du pays.
« Si les bouleversements aux frontières s'étaient prolongés, c'est la perception des États-Unis envers le Canada comme fidèle partenaire commercial qui aurait été mise à mal, et les conséquences à long terme auraient été très néfastes pour l'ensemble de nos exportations, surtout pour le secteur automobile. »
Le blocage du pont Ambassador, par exemple, avait déjà poussé certaines usines automobiles des deux côtés de la frontière à réduire leur production. Pour cette raison, Unifor avait même offert au gouvernement Ford d'envoyer des syndiqués sur place pour démanteler le barrage par la force, a-t-on appris récemment à la Commission.
Tant le gouvernement du Canada que celui de l'Ontario étaient particulièrement inquiets des impacts économiques du barrage de Windsor. Et pour cause.
À l'époque, le gouvernement canadien tentait de convaincre les États-Unis d'abandonner un plan qui aurait exclu les véhicules électriques assemblés au Canada d'un crédit d'impôt à la consommation. Et les barrages frontaliers nuisaient aux efforts d'Ottawa dans ce dossier, selon M. Sabia.