Comment injecter une bonne dose de justice dans la lutte contre la COVID-19
Radio-Canada
Au bout du fil, Petro Terblanche, la directrice d’Afrigen Biologics, une entreprise de biotechnologie du Cap, est fébrile. Sa petite équipe de 22 personnes travaille sans relâche depuis qu’elle a été choisie par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour devenir le premier centre de transfert de technologie pour les vaccins à ARNm, dans le cadre de l’initiative COVAX.
L’Afrique du Sud, comme bien d’autres pays dans le monde, n’a pas été en mesure de rivaliser avec les États-Unis, le Canada et l’Europe dans la course aux vaccins. Les pays à revenu élevé ont accaparé le marché à coup de milliards de dollars pour être les premiers à recevoir des doses.
Alors que les autres pays commencent à offrir une troisième dose à leur population, nous n'avons toujours pas de vaccins en Afrique, s'indigne Mme Terblanche. C’est pourquoi l’Afrique a fait une pause et a compris que nous sommes dans une réalité très inconfortable.
Ce genre de situation ne doit pas se répéter, insiste-t-elle, déterminée pour cela à percer le secret du vaccin Moderna.
Le monde ne réalise pas qu’on ne peut pas vaincre la COVID-19 en isolant l’Afrique et en accaparant toutes les ressources pour les pays à revenu élevé.
Et cela, d'autant plus que tous les pays continuent d’être à risque, même s’ils ont un taux de vaccination élevé.
Même si la production de dose s’est accélérée avec le temps, les inégalités ne font que s'aggraver, constate le Dr Krishna Udayakumar, directeur du Global Health Innovation Center à l’Université Duke, dont l'équipe traque et analyse les contrats d’achat pour les vaccins contre la COVID-19.
Seulement 24 pays, dont le Canada, ont vacciné plus de 70 % de leur population. Plus de 65 pays ont vacciné moins de 20 % de leur population avec 2 doses et 45 pays de ces pays ont vacciné moins de 10 % de leur population.
Ainsi, moins de 40 % de la population mondiale a été adéquatement vaccinée, bien loin du seuil nécessaire pour réussir à contrôler le SRAS-CoV-2.