Comment apprécier un repas sans goût ou odorat?
Radio-Canada
À travers le monde, des milliers de personnes ayant contracté la COVID-19 ont connu des pertes d’odorat ou de goût. Des symptômes qui, pour une partie d’entre elles, persistent encore après leur apparition et entraînent une perte d’appétit. Un chef britannique a voulu les aider.
Pour moi, la COVID n’est pas terminée, lance Mars Delgado, qui habite Toronto et a contracté le virus en mars 2020. Jusqu’en juillet de la même année, la maladie était à sa plus forte intensité, avant que les symptômes ne s'apaisent pendant quelques mois. En octobre, cependant, c’était le retour à l’hôpital.
« Entre ces rechutes, je constatais déjà que certaines choses n'étaient pas complètement revenues à la normale. L'une de ces principales choses étant mon sens du goût et de l'odorat. »
En Europe, le Dr Jérôme Lechien, médecin-chirurgien ORL partageant son temps entre la France et la Belgique, a participé et même mené plusieurs études auprès de patients comme Mars Delgado.
Avant l’apparition du variant Omicron, la perte d’odorat était présente dans 60 à 86 % des cas des formes légères à modérées de la maladies (qui représentent elles-mêmes 90 % de toutes les formes), notait alors le Dr Lechien. La perte du goût s’avérait plus rare, toutefois.
Depuis, une étude (en angais) (Nouvelle fenêtre) s’est penchée plus précisément sur les cas de COVID-19 recensés durant la vague Omicron et estime que la prévalence et la gravité des dysfonctionnements de l'odorat et du goût associés à la COVID-19 ont considérablement diminué avec l'avènement du variant Omicron, mais elle reste toujours supérieure à 30 %.
Selon le Dr Lechien, la grande majorité des patients récupère en moins d’un mois, mais 20 % d’entre eux souffrent encore d’une perte complète ou partielle d’odorat après un mois. Pour 5 à 10 %, les symptômes se poursuivent après six mois tandis qu’une faible part (1 % à 5 %) montrent toujours des symptômes après un an.
Et en plus d’être handicapant, ces symptômes peuvent poser des risques, souligne le spécialiste. Les saveurs résultent d’une combinaison d’odeur et de goût et donc la perte des sens olfactifs et gustatifs affecte la nutrition de beaucoup de patients, complète-t-il.
« Certains patients mangent moins, perdent du poids et ont également des symptômes dépressifs parce que manger contribue au bonheur dans beaucoup de cas de figure. »