Comment « vivre » avec la COVID-19? (2)
Radio-Canada
Alors que le gouvernement Legault s’apprête à annoncer des assouplissements à ses restrictions sanitaires et économiques du temps des fêtes, les pouvoirs publics ont le devoir d’élaborer, en même temps, une stratégie qui permettra d’éviter d’autres fermetures économiques dans l’avenir. Il est rendu assez clair que l’adhésion à ces mesures est de moins en moins au rendez-vous.
Il est important aussi de rappeler qu’avec une vaccination plus efficace et l’utilisation massive de tests rapides depuis un an, nous n’en serions possiblement pas où nous en sommes présentement. Les Québécois auraient été mieux préparés, mieux protégés, pour faire face au variant Omicron si l’octroi de la dose de rappel avait été plus efficacement planifié.
On ne refera pas le passé. C’est pour cette raison qu’il faut mieux planifier les prochaines vaccinations, si cela devait être nécessaire. Et la réouverture qui s’annonce des activités économiques fermées par le gouvernement doit nécessairement s’accompagner d’une campagne de sensibilisation pour que les citoyens utilisent régulièrement, pour ne pas dire systématiquement, les tests rapides pour réduire les risques de contagion.
J’ajouterais que les débats sur la méthodologie dans les calculs du nombre de décès ou sur la taxation des personnes non vaccinées ne doivent pas nous faire perdre de vue l’essentiel : comment se préparer à faire face, si cela devait arriver, à d’autres vagues et à d’autres variants sans fermer de nouveau une partie de l’économie?
Et, surtout, comment éviter de fermer de nouveau des commerces qui ont déjà pleinement intégré le passeport vaccinal et qui n’accueillent ainsi que des gens adéquatement vaccinés? C’est une question de cohérence et d’acceptabilité sociale. Comment maintenir l’adhésion au passeport vaccinal si, malgré cela, les salles de spectacle, les cinémas, les restaurants doivent fermer du jour au lendemain, en catastrophe?
Les prévisions sont difficiles, surtout quand ça concerne l’avenir, semble-t-il! C’est bien pour ça que ça prend beaucoup de clairvoyance, de science et d’analyse dans la gestion de la pandémie actuellement. Non seulement devons-nous mieux préparer notre prochaine opération de vaccination (si elle devait être nécessaire), la distribution des tests rapides et le déploiement du passeport vaccinal, mais il y a urgence d’agir pour rendre notre système de santé plus solide, mieux outillé, plus résilient et plus efficace.
Je ne reviendrai pas sur tout ce qui s’est dit dans les derniers jours sur le manque de lits, la désorganisation dans les soins aux aînés et les décisions publiques qui sont remises en question. Nous comprenons qu’il y a des problèmes structurels dans le réseau des soins de santé et de santé publique au Québec, qui durent et perdurent depuis longtemps.
Nous arrivons surtout à un point de tension que nous n’avons pas connu depuis le début de la crise, il y a deux ans. La fatigue, la frustration, l’exaspération gagnent de plus en plus d’entrepreneurs, de commerçants, de restaurateurs, de diffuseurs culturels au point que certains en arrivent à évaluer la possibilité de défier les règles gouvernementales.
Cette tension a été exacerbée par le fait que l’Ontario a su annoncer un plan de réouverture relativement détaillé des activités économiques, en trois étapes, du 31 janvier à la mi-mars. La France, qui n’a pas ordonné la fermeture des bars, des restaurants et des salles de spectacles, a annoncé également la relance de plusieurs activités et la fin du télétravail.