
Cinq polars pour frissonner un peu, peut-être même beaucoup
Radio-Canada
Entre les vents incisifs de l’hiver et la moiteur languissante de l’été, les autrices et auteurs de polars s’amusent à exacerber les pulsions meurtrières des uns et les peurs viscérales des autres. Sans être de qualité égale, voici cinq lectures à donner plus ou moins froid dans le dos aux amateurs du genre.
Hantant. C’est le qualificatif qui exprime peut-être le mieux cette impression fugace de malaise, voire de menace potentielle, qu’on ressent parfois au détour d’un sentier, dans le bois, une fois le plus récent roman d’Andrée A. Michaud terminé. Une chose est certaine : Proies enlèvera peut-être à certains lecteurs l’envie de partir camper en forêt.
Alors que leur entourage préparent la fête annuelle réunissant tout le monde au village, trois adolescents installent leurs tentes dans une clairière près de la rivière Brûlée. À l’aube de la vingtaine, Abigail, Judith et Alexandre sont un brin insouciants mais dégourdis, et indéniablement inséparables. Jusqu’à ce que quelqu’un mette leur vie en danger en ces jours d’août qui changeront à jamais le cours de leur existence.
Il y a certes les personnages, dont l’autrice étoffe les traits de caractère avec autant de subtilités que d’efficacité. Ceux d’Aby, Jude et Alex, qui tentent de survivre et ne ressortiront pas indemnes de la forêt. Ceux de leurs parents, aussi, tiraillés entre la joie de les voir ainsi revendiquer leur liberté et la crainte sourde, troublante, de les voir partir seuls en expédition. Comme si le père de Jude et la mère d’Aby pressentaient déjà, chacun, chacune de son côté, la menace planant au-dessus du trio d’ados.
Il y a encore, toujours, voire surtout, la nature. Cette forêt sauvage, à la fois magnifique et mystérieuse, ressourçante et potentiellement dangereuse, qui s’avère plus qu’un simple décor où planter des tentes aux couleurs vives.
Dans la foulée de Bondrée et de Routes secondaires, Proies est le résultat de l'écriture parfaitement maîtrisée par une Andrée A. Michaud au sommet de son art.
Après 3 secondes, 3 minutes et 3 heures écrits à quatre mains avec son complice Börge Hellström, décédé en 2017, Anders Roslund renoue seul avec le commissaire Ewert Grens et l’ex-infiltré Piet Hoffmann.
Qui est là? aurait pu s’intituler 3 jours, puisque c’est la période au cours de laquelle les deux hommes devront faire la lumière sur les ramifications d’un cambriolage faisant écho à une des premières enquêtes de Grens. À l’époque, le commissaire avait dû prendre soin d’une fillette de 5 ans dont la famille avait été liquidée dans un appartement de Stockholm, un appartement où, 20 ans plus tard, quelqu’un vient d’entrer par effraction.
Parallèlement, la conjointe et les enfants d’Hoffmann sont de nouveau menacés par son passé d’infiltré.