
CHSLD: sans réponse, la coroner s’avoue «sidérée»
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Les audiences se suivent, mais la coroner Géhane Kamel demeure dans l’incertitude. Devant le témoignage d’un haut fonctionnaire, elle a avoué ne «pas être capable d’avoir une histoire qui se tienne» concernant la gestion des CHSLD au cours de la première vague. L’enquête, qui a duré près d’un an, prend fin lundi.
C’était au tour de l’ancien responsable de la Sécurité civile au ministère de la Santé et des Services sociaux, Martin Simard, de se présenter devant la coroner. Mme Kamel attendait son témoignage de pied ferme, l’ayant même qualifié de «morceau du puzzle manquant».
«Personne du ministère [de la Santé] n’est capable de nous dire qu’avant avril [2020], le CHSLD n’était pas sous le radar du gouvernement. On n’est pas capable d’avoir cette chronologie-là parce qu’elle est différente selon les acteurs», a-t-elle déploré lundi.
Les réponses qui lui sont données par d’anciens membres du ministère demeurent trop vagues, estime-t-elle. «Il me semble que si vous êtes aux premières loges, vous devriez être en mesure de dire si vous avez eu un angle mort», a-t-elle critiqué.
Encore une fois, les témoignages des ex-membres de la cellule de crise du gouvernement Danielle McCann et Horacio Arruda ont été contredits. Les deux assuraient que les gestionnaires des CIUSSS avaient été mis au courant du danger potentiel de la COVID-19 pour les établissements de santé dès janvier 2020 par une lettre.
Mais selon M. Simard, il s’agissait d’une lettre «à portée générale». On demandait aux gestionnaires de préparer l’ensemble du réseau, et non les CHSLD. «À ce moment-là, il n’y avait pas d’indicateurs permettant de regarder dans une seule direction, a-t-il indiqué. Il n’était pas question à ce moment-là d’une clientèle qui était particulièrement vulnérable.» Selon lui, l’enjeu des CHSLD a été identifié par le gouvernement à partir du 11 mars 2020.
Devant les contradictions des différents témoignages, la coroner a exprimé sa déception pour les familles endeuillées, qui pourraient demeurer sans réponse à l’issue de l’enquête. «Est-ce que c’est normal que jusqu’à ce jour, on ne soit pas capable d’avoir une histoire qui se tienne? s’est-elle questionnée. Ça me dérange profondément.»