Choléra, violence, pénurie de carburant en Haïti : l’ONU sonne l’alarme
Radio-Canada
L'ONU a mis en garde jeudi contre un risque d'« explosion » des cas de choléra en Haïti, nouvelle crise potentielle dans un pays ravagé par l'insécurité et dont le premier ministre « appelle au secours ».
Après l'introduction de la bactérie par des Casques bleus en 2010, une épidémie de choléra avait sévi jusqu'en 2019, faisant plus de 10 000 morts.
Trois ans plus tard, l'annonce dimanche de nouveaux cas et de sept premiers morts a réveillé les craintes d'un nouveau désastre au moment où, avec la dernière poussée de violence, le pays manque de carburant pour alimenter la population en eau potable et faire tourner les hôpitaux.
Depuis la détection du bacille du choléra, qui se transmet par l'eau, 11 cas ont été confirmés et 111 sont suspectés, pour l'instant uniquement dans la capitale Port-au-Prince, a indiqué jeudi lors d'une conférence de presse par vidéo depuis Haïti la coordonnatrice humanitaire de l'ONU dans le pays, Ulrika Richardson.
Mais les chiffres pourraient être bien plus élevés, a-t-elle ajouté en précisant que des analyses étaient en cours à l'étranger pour déterminer s'il s'agissait ou non de la même souche qu'en 2010.
Avec la situation actuelle dans le pays, si toutes les bonnes conditions ne sont pas remplies, on pourrait faire face à une augmentation exponentielle, voire explosive, des cas de choléra. On pourrait même parler malheureusement de combinaison parfaite pour un désastre, a-t-elle signalé.
Depuis l'annonce le 11 septembre par le premier ministre Ariel Henry d'une hausse des prix du carburant, le pays déjà en crise a été le théâtre de nouvelles violences, de pillages et de manifestations. Et depuis la mi-septembre, le terminal pétrolier de Varreux, le plus important du pays, est bloqué par des gangs armés.
Cela veut dire que le pays entier commence à manquer de carburant, ce qui force certains services de santé à fermer et empêche la collecte des ordures, a insisté la responsable onusienne.
Sans oublier l'interruption de la distribution d'eau, sa propreté étant l'une des conditions majeures pour contenir une épidémie de choléra, dont la bactérie se transmet par l'eau, et pour sauver des vies, a-t-elle ajouté.