Charlotte la conquérante
Radio-Canada
La salve d’applaudissements faisait du bruit à tout rompre lorsque Charlotte Cardin, jambes écartées, pieds bien plantés sur scène et dont la silhouette se découpait sur l’écran blanc derrière elle a levé le bras au ciel et a hurlé dans son micro : « Merci Montréal! Je vous aime à l’infini! »
Je n’ai aucune idée du niveau de décibels générés par le hurlement collectif de la foule qui a suivi, mais l’aiguille du sonomètre devait être dans le rouge. Cardin et ses musiciens sont sortis de scène durant un instant avant de revenir avec une bouteille de champagne et des flûtes pour célébrer le triomphe sans partage du premier d’une série jamais vue de concerts à venir au Métropolis – comme elle le nomme – d’ici la fin de juin.
Ça n’a aucun sens! , a-t-elle ajouté, au moins aussi ébahie que triomphante.
Dans les faits, ce à quoi nous avons assisté, vendredi, au MTelus, était bien plus qu’un concert, qu’une rentrée montréalaise, ou qu’une résidence de quatre concerts (29 avril au 2 mai) durant une fin de semaine.
Au total, il n’y aura pas moins de 13 prestations à Montréal en trois séries distinctes. Et chacune d’entre elles est à guichets fermés – plus de 2000 spectateurs –, sauf le spectacle du 21 juin. Ça ne va pas tarder…
Depuis le début mars et d’ici la fin juin, on dénombrera aussi huit concerts à l’Impérial Bell, à Québec, deux au Centre National des Arts, à Ottawa, ainsi que des escales à Paris, Londres, Berlin, Amsterdam, Bruxelles, etc.
Les résidences répétées au MTelus ne sont donc rien de moins qu’une rampe de lancement d’une carrière – déjà – internationale. Si on exclut sa présence au Festival Osheaga en septembre dernier, cela faisait trois ans que Charlotte Cardin ne s’était pas produite à Montréal, a-t-elle rappelé.
Attendue par ses admirateurs et admiratrices? Avec impatience, et ce, dans une ambiance des grands soirs. Je n’ai pas vu autant de membres de l’industrie musicale (producteurs, agents, promoteurs, relationnistes, gens de radio, patrons de compagnies de disques) à un événement depuis le début de la pandémie. Mais l’autrice-compositrice et interprète n’a pas fait qu’assurer le minimum syndical devant un public conquis d’avance. Elle s’est présentée telle une conquérante avec une version de Passive Aggressive baignée dans la lumière rouge.
Flanquée du bassiste et claviériste Mathieu Sénéchal et du batteur Benjamin Courcy, Cardin a littéralement pris d’assaut les planches avec une Daddy dont les pulsions rythmiques se faisaient ressentir jusqu’au fond de la salle de spectacle de la rue Sainte-Catherine.