
Chanter Vigneault à l'école
TVA Nouvelles
Que Gilles Vigneault retire ses chansons de Spotify est tout à fait compréhensible et justifié.
C'est par ailleurs un peu dommage, car pour plusieurs générations de Québécois - surtout les plus jeunes paraît-il- c'est là une des principales sources de musique.
Ceux-ci n'auront donc plus l'occasion de tomber, peut-être au hasard de quelque papillonnage, ou encore grâce à une suggestion faite par quelque algorithme, sur les chefs-d'œuvre du chanteur-poète de Natashquan.
Tout Québécois devrait impérativement, dans son jeune âge, être exposé à «Quand vous mourrez de nos amours» ; et évidemment à «Les gens de mon pays», magistrale ode à notre langue.
Vigneault n'était de toute manière pas beaucoup écouté sur Spotify, me répondrez-vous. Non en effet. Justement: le numérique ne laisse pas beaucoup de chance, de place, à la musique française, francophone.
Dans l'ère pré-Internet, tout un système de protection et de promotion -les quotas imposés aux radios par exemple- permettait de faire découvrir autre chose que ce que l'industrie culturelle anglophone mondiale imposait.
Depuis 1996, sur le plan culturel, on a traité le numérique comme une zone de non-droit. Le réglementer, c'était comme faire injure à l'avenir, au progrès.
Le résultat, dans le domaine de la chanson, on l'a récemment vu à Star Académie: pour les nouvelles générations, chanter, c'est (presque toujours) en anglais que ça se fait.
Déjà, dans nos écoles, lors des spectacles de fin d'année, le français occupe de moins en moins de place.