Changements climatiques : le Canada en voie de rater sa cible d’arbres plantés
Radio-Canada
Le gouvernement canadien s’est engagé en 2021 à planter 2 milliards d’arbres en 10 ans, dans le but précis de capter le carbone pour l’aider à réduire de 40 à 45 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Mais « il est peu probable que le programme [...] atteigne ses objectifs », a conclu le commissaire à l’environnement et au développement durable du Canada dans une série de cinq rapports déposés jeudi à la Chambre des communes.
Même si le ministère a presque atteint son objectif de planter 30 millions d’arbres en 2021, soit la première année du programme de 10 ans, il a manqué de beaucoup son objectif pour la deuxième année, écrit le commissaire Jerry DeMarco. Dans le meilleur des scénarios, après deux ans, le programme ne pourrait atteindre que 2,3 % de son objectif global de planter 2 milliards d’arbres.
« Il s’agit là d’une situation inquiétante, car la plantation d’arbres fait partie du plan du Canada pour gérer la double crise des changements climatiques et de la perte de la biodiversité. »
En cause, Ressources naturelles Canada, en collaboration avec Environnement et Changement climatique Canada, n’a pas conçu ni mis en œuvre adéquatement le programme 2 milliards d’arbres.
Plusieurs failles mettent en jeu le programme, dont le manque de partenariats à long terme et l’absence d’un mécanisme de surveillance.
Ressources naturelles Canada n’avait pas signé d’accords de projets à long terme avec les provinces ou les territoires au moment où le commissaire a écrit son rapport. Comme le ministère avait conçu le programme de 2 milliards d’arbres en s’attendant à ce que 67,5 % de tous les fonds du programme soient utilisés par les provinces et les territoires (pour planter 1,34 milliard d’arbres), l’absence d’accords constituait un risque considérable pour le programme.
Ces accords, selon le commissaire, permettraient une meilleure planification à long terme avec tous les partenaires, dont les pépinières. Par exemple, nous avons constaté qu’il y avait un risque qu’il n’y ait pas assez de semis pour pouvoir planter 2 milliards d’arbres.
Les pépinières canadiennes qui ont été sondées par le ministère ont indiqué qu’elles auraient besoin de jusqu’à deux ans de préparation avant de pouvoir planter des semences, et de un à huit ans de plus avant que les semis ne soient prêts à être plantés. Les pépinières ont également indiqué qu’elles n’investiraient pas dans la production de semis sans une garantie d’achat de ces semis. Le ministère comptait sur l’établissement d’accords à long terme avec des partenaires importants dès le début du programme pour fournir aux pépinières l’assurance nécessaire. Or, aucun accord de ce genre n’a été signé avec les provinces et les territoires.
Les retards dans la signature des accords ont non seulement entravé la capacité de Ressources naturelles Canada à planter le nombre estimé d’arbres pour 2022, mais ils auront aussi une incidence sur les années subséquentes, pour lesquelles des objectifs de plantation encore plus ambitieux ont été établis.