![Ces personnes qui n’osent plus visiter leur pays d’origine](https://images.radio-canada.ca/q_auto,w_635/v1/ici-info/16x9/crainte-retour-pays-origine.jpg)
Ces personnes qui n’osent plus visiter leur pays d’origine
Radio-Canada
S’opposer au gouvernement, afficher son orientation sexuelle ou son identité de genre : autant de raisons qui empêchent certains Canadiens de visiter librement leur pays d’origine. Craignant pour leur sécurité, ces Ontariens doivent vivre quotidiennement avec un sentiment de nostalgie et être la cible de persécutions, et ce, même à des milliers de kilomètres de leur terre natale.
Jad Jaber est originaire de Beyrouth au Liban, mais il craint d’y retourner. Il s’identifie en tant que personne queer et arabe. Le Torontois milite pour la diversité sexuelle et de genre. Je sais que là-bas [au Liban], je peux être sujet au profilage anti-LGBTQ+ .
Celui qui est l'auteur d’une publication académique et d’un livre détaillant l’intersectionnalité entre la foi musulmane et l’homosexualité a vécu une répression brutale. Il n’a pas eu d’autre choix que de quitter le Liban. Rester était devenu dangereux pour moi. Je ne pouvais plus habiter avec ma famille, car je les mettais aussi en danger, dit-il. Il s'installe en Ontario quelques mois avant la pandémie de COVID-19.
« Même en étant au Canada, je reçois des messages haineux sur mes réseaux sociaux. Ils disent que je ruine la réputation de l’islam, des Arabes. »
Postdoctorant en recherches sur la transidentité, il explique que le respect des droits de la persone incluant ceux des personnes LGBTQ+ a énormément régressé dans le monde. L’Égypte est devenue plus conservatrice. Il y avait plus d’arts, de créativité, de représentation positive du corps humain, de la sexualité et du genre. On a régressé ces 10 dernières années, constate-t-il. C’est la même chose au Liban et dans d’autres parties du monde arabe, achève-t-il.
Joseph Bitamba vit en Ontario depuis plus de 20 ans. Originaire du Burundi, il avait l'habitude de visiter ses proches, mais depuis 2015, il n’ose plus y retourner. Les choses se sont compliquées. J’ai fait un film qui m’a causé des problèmes, affirme le cinéaste.
Le réalisateur explique avoir donné la parole à des opposants et des victimes du gouvernement de l’ancien président, Pierre Nkurunziza, qui, à l’époque, briguait inconstitutionnellement un troisième mandat. J’ai interviewé des gens qui étaient torturés, castrés par le pouvoir en place et plus tard, j’ai fait un film sur les femmes violées qui ont pris la parole pour dire ce qu’elles avaient vécu.
Le documentaire, intitulé Non au troisième mandat, a même dû être retiré de son site web pour protéger les intervenants qui craignaient pour leur vie et celle de leurs proches. Le président qui a fait son troisième mandat est décédé en 2020. [Actuellement,] il y a un nouveau président, mais issu du même parti politique.
Pour le Torontois, la prudence est encore de mise. Il préfère voyager aux frontières du Burundi, dans des pays comme le Rwanda.