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Ces camionneurs qui ne veulent plus aller à Montréal
Radio-Canada
Il y a plus d’un an, Guy Gélinas a fait une croix sur Montréal. Terminé. Il se demandait même s’il allait continuer son métier de camionneur tellement il était écœuré de conduire dans la métropole.
J’étais tanné et crevé. Je faisais 70 heures [par semaine]. C’est un calvaire de conduire à Montréal. Désolé de le dire, mais le seul temps où j’étais bien, c’était durant la pandémie, au moment où il n’y avait pas de bouchons, affirme Guy Gélinas, qui sillonne les routes du Québec depuis 20 ans.
Pendant plusieurs années, M. Gélinas a surtout parcouru le Grand Montréal, de très tôt le matin jusque tard le soir, moment où il revenait chez lui, dans la région de Trois-Rivières.
Je faisais une dizaine de livraisons par jour. J'ai pris une pause il y a deux ans : j'étais tanné du trafic. Je partais à 5 h le matin et je revenais à 21 h le soir. Toujours dans la circulation. T'as beau être payé à l'heure, c'est très fatigant, raconte-t-il.
Avec les perpétuels travaux dans les rues de Montréal, l’attitude des conducteurs et la réfection du pont-tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, Guy Gélinas a décidé de changer son quotidien.
Avant, je prenais le tunnel très souvent. Mes livraisons commençaient sur la Rive-Sud, à Boucherville. Déjà, c’était pas facile à l’époque. Maintenant, ce sera l’enfer, dit-il. J’anticipais ce moment-là, la fermeture des trois voies, car on en entendait parler depuis plusieurs mois. Je ne voulais pas vivre cela, ça a guidé ma décision.
Depuis, il a changé de compagnie et n’a pas mis les pieds à Montréal depuis plus d’un an. Il part chaque matin de la Mauricie, contourne la métropole par la 640 et se rend jusqu’à Gatineau. J’ai fait le bon choix, je me le dis tous les matins, assure-t-il.
C’est aussi ce qu’a décidé Yanick Desmarais. Camionneur depuis 2004, il a tout fait : livraison de colis et de produits frais, chasse-neige… En février dernier, stressé par plusieurs années de conduite dans une ville rongée par d’interminables travaux et par la congestion, il s’est exilé dans la région de Lanaudière pour faire son métier.
Je me suis dit : ''Assez, je ne suis plus capable.'' J’étais rendu marabout, agressif, je voyais le trafic et je faisais des boutons. J'ai accepté un poste où je gagne moins cher pour ne plus aller à Montréal, dit-il en entrevue avec Radio-Canada.