Caméras de surveillance : le Tribunal conclut à du harcèlement psychologique
Radio-Canada
Un tribunal vient de statuer sur un cas d'utilisation « excessive » de caméras de surveillance dans une boutique, en concluant à du harcèlement psychologique à l'égard de deux employés.
Ce sont deux salariés d'un Magasin Baseball Town, un homme et une femme, qui avaient porté plainte au Tribunal administratif du travail, alléguant du harcèlement psychologique à leur encontre, à cause du recours à ces caméras de surveillance et des appels téléphoniques de leur employeur qui s'ensuivaient, lorsqu'il constatait sur les caméras un comportement qu'il n'avait pas apprécié.
Les deux disaient se sentir épiés constamment par ces caméras qui pouvaient être activées à distance, d'autant plus qu'il est arrivé à l'employeur de téléphoner à la boutique parce qu'il trouvait qu'un employé était demeuré trop longtemps à la salle de bain ou parce qu'il n'apercevait pas un employé dans la boutique, à cause de l'angle des caméras.
La travailleuse avait témoigné du fait que l'employeur lui téléphonait parfois en criant et en jurant, après avoir constaté des séquences qu'il n'appréciait pas sur les caméras.
L'employeur avait nié crier et soutenait être toujours respectueux.
L'employeur critiquait aussi l'utilisation du téléphone portable personnel pendant les heures de travail, qu'il qualifiait de fléau. Il avait d'ailleurs installé une case pour que les téléphones personnels y soient remisés, plutôt que de voir les employés les garder dans leurs poches.
Après avoir entendu la preuve, le Tribunal administratif du travail a finalement accueilli les deux plaintes de harcèlement psychologique.
Là où le bât blesse, c'est que cet objectif de prévenir le vol à l'étalage, auquel cas les caméras sont "en réserve", a cédé le pas à une utilisation régulière et systématique en tant qu'outil de gestion et de contrôle du travail de ses salariés, particulièrement lorsqu'ils sont seuls et sans la présence de gérants, écrit le tribunal.
En effet, le propriétaire appelle au magasin lorsqu'il constate une anicroche dans la prestation de travail d'un salarié, ajoute le juge administratif Pierre-Étienne Morand.