Budget fédéral 2022: des déficits mais moins dépensier
Le Journal de Montréal
OTTAWA | L’incertitude économique mondiale et l’inflation record dopées par la guerre en Ukraine poussent le gouvernement Trudeau à freiner les dépenses pour la première fois depuis son arrivée au pouvoir.
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La ministre des Finances Chrystia Freeland a présenté jeudi un budget totalisant 29 milliards $ de nouvelles dépenses par rapport à la mise à jour économique de décembre, mais 49 milliards $ de nouveaux revenus.
«Il y a une amélioration des revenus qui est absolument exceptionnelle», se réjouit l’ex-conseillé économique du premier ministre maintenant vice-président du Conseil canadien des affaires, Robert Asselin.
«Il n’y a pas un feu d’artifice de dépenses et quand il y a des nouvelles mesures de revenus pour les financer», remarque le fiscaliste de l’Université Sherbrooke, Luc Godbout, pour qui le budget est résolument marqué par la retenue.
«Cette approche responsable est importante aujourd’hui plus que jamais, à cause du niveau d’incertitude économique mondiale et de l’inflation élevée», a dit la ministre Freeland.
L’OCDE prévient en effet qu’«il ne fait aucun doute que la guerre pèsera fortement sur la croissance mondiale à court terme et exacerbera considérablement les tensions inflationnistes».
Cette prudence tranche avec la tendance de l’équipe Trudeau à présenter des budgets sous forme de «pots-pourris de dépenses» dédiées à différents segments de l’électorat, note M. Asselin.
Parmi les principales nouvelles dépenses, 10 milliards $ sur cinq ans pour faciliter l’accès à la propriété et augmenter l’offre de logements abordables. Le gouvernement se donne pour objectif de doubler le nombre de logements en construction, d’ici 10 ans.
Alors qu’il manque encore 16 000 travailleurs sur le plancher dans nos magasins et que cela pèse lourd sur les épaules de 47% des employés, selon un nouveau sondage de Léger obtenu par Le Journal, les détaillants craignent le pire si on vient les priver en plus de leurs travailleurs étrangers temporaires (TET).
Le port de Montréal enclenche son premier jour de lock-out lundi dans le conflit de travail qui oppose l’Association des employeurs maritimes (AEM) et le Syndicat des débardeurs du port de Montréal. Un arrêt de travail qui aura des conséquences économiques «immédiates» et majeures si le conflit se prolonge.