Brésil : l’avenir politique de l’ex-président Bolsonaro menacé
Radio-Canada
Menacé d'inéligibilité, il pourrait se voir barrer l'accès de la prochaine élection en 2026 : le procès très attendu de l'ancien chef de l'État brésilien d'extrême droite Jair Bolsonaro s'est ouvert jeudi, six mois après son départ du palais présidentiel.
Alors que son avenir politique était entre les mains des sept juges réunis dans l'enceinte solennelle du Tribunal électoral supérieur (TSE) à Brasilia, M. Bolsonaro a débarqué à Porto Alegre. Dans cette grande ville du Sud, plusieurs dizaines de partisans – certains habillés aux couleurs vert et jaune du drapeau national, érigé en signe de ralliement – l'ont acclamé à son arrivée à l'aéroport avant une réunion prévue avec son Parti libéral, a constaté l'AFP.
L'ancien chef de l'État (2019-2022), qui se dit innocent, est poursuivi pour s'en être pris à la justice électorale et avoir critiqué, sans preuve, la fiabilité du vote électronique, quelques mois avant les élections remportées par son rival de gauche Luiz Inacio Lula da Silva.
Selon l'acte d'accusation lu à l'ouverture de la séance du TSE par le juge Benedito Goncalves, il est reproché à l'ex-président d'avoir cherché à décrédibiliser devant la communauté internationale le futur résultat des élections, à un moment où les sondages donnaient l'avantage à un adversaire.
Dans un discours en juillet 2022 à la résidence présidentielle de l'Alvorada, et retransmis sur la télévision publique, M. Bolsonaro avait déclaré devant des diplomates vouloir corriger des failles dans le vote électronique avec la participation des forces armées, sans fournir la moindre preuve de ses allégations.
Pour ces propos, l'ex-capitaine de l'armée de 68 ans pourrait être déclaré inéligible à des mandats publics pendant huit ans. Il est poursuivi pour abus de pouvoir politique et usage indu des moyens de communication.
Durant toute sa campagne, il avait agité le risque de fraude, attisant la colère de ses partisans les plus radicaux qui, le 8 janvier, quelques jours seulement après l'entrée en fonction de Lula, avaient attaqué les sièges des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire à Brasilia. Des scènes saisissantes qui avaient rappelé l'assaut mené, deux ans auparavant, par des partisans de l'ancien président américain Donald Trump sur le Capitole à Washington.
Dans sa plaidoirie, l'avocat de l'ancien président, Tarcisio Vieira, s'est permis un parallèle avec l'affaire Dreyfus, le retentissant scandale de la fin du 19e siècle français, appelant à éviter une erreur judiciaire du même genre.
Ce n'est pas le procès du bolsonarisme. Il n'y a pas à arbitrer une imaginaire dispute sanglante entre la civilisation et la barbarie, a-t-il lancé.