
Bootlegger, l’émancipation autochtone sous l’angle de la prohibition
Radio-Canada
L’artiste d'origine algonquine et française Caroline Monnet présentera mercredi son premier long métrage, Bootlegger, qui sera diffusé lors de la soirée d’ouverture du 50e Festival du nouveau cinéma (FNC). Sous le prisme de la prohibition de l’alcool, elle y dresse un portrait d’une communauté autochtone qui tente d’assumer son indépendance.
L’idée de Bootlegger (littéralement, trafiquant d’alcool) a germé dans la tête de l’artiste multidisciplinaire il y a quelques années, alors qu’elle a constaté la multiplication de référendums sur la prohibition de l’alcool à l’intérieur de communautés autochtones au Canada.
L'idée est venue d’un concept tout simple de raconter l’histoire d’une trafiquante d’alcool dans une réserve, dans une communauté qu’on appelle "sèche". C’est un sujet et un débat de société hyper intéressant parce que ça polarise complètement les communautés, très sensibles aux questions entourant l’alcoolisme, a expliqué la cinéaste en entrevue avec Catherine Richer, chroniqueuse culturelle au 15-18.
Le film suit Mani, interprétée par Devery Jacobs (Reservation Dogs), une jeune étudiante à la maîtrise qui revient dans la communauté autochtone où elle a grandi pour renouer des liens. Elle plaide en faveur d’un référendum pour annuler la prohibition dans sa communauté, s’opposant à Laura, interprétée par Pascale Bussières, une contrebandière tenace qui profite de la vente d’alcool.
La prohibition était juste un prétexte pour parler de la Loi sur les Indiens et démystifier un peu tout ça, affirme d’emblée Caroline Monnet. [Je voulais] surtout parler des politiques agressives d’assimilation, du fait qu’on est encore sous la tutelle du gouvernement. Quelles sont les conséquences à travers les générations de tout ça?, se demande l’artiste.
C'est d'ailleurs pour tenter de répondre à cette question qu'elle a choisit une protagoniste jeune : Je voulais que ce personnage-là porte les brisures de ce qui s’est passé au fil des générations.
Un autre personnage important de Bootlegger est celui de la grand-mère de Mani, interprétée par la poétesse innue Joséphine Bacon. Elle incarne la tradition, la sagesse et surtout l’autorité conférée aux personnes âgées dans les communautés autochtones.