Blake Desjarlais et la nouvelle Alberta
Radio-Canada
Jeune, progressiste, métis et bispirituel, le nouveau député fédéral d’Edmonton Griesbach ne correspond pas à l’image qu’on peut se faire des politiciens albertains.
Sauf que si on gratte un peu et qu’on s’éloigne des clichés associés à la province encore majoritairement conservatrice, on constate que Blake Desjarlais ressemble beaucoup à son environnement.
Pour apprendre à connaître le nouvel élu néo-démocrate, il faut d’abord connaître la circonscription qu’il représente. Edmonton Griesbach se trouve au cœur de la capitale albertaine, un peu à l’est du centre-ville. À la fois diversifiée et marginalisée, on y trouve des cafés branchés et des pawnshops, des galeries d’art et des magasins d’alcool aux façades défraîchies, de jeunes entrepreneurs et des Autochtones en situation d’itinérance.
Ce secteur d’Edmonton est l'un des plus pauvres en Alberta, souligne Blake Desjarlais lors d’un entretien accordé sur la 112e venue, une des artères principales de la circonscription. C’est justement en faisant campagne sur des enjeux sociaux, qui sont ici omniprésents, que le jeune homme de 27 ans croit avoir été capable de déloger le député conservateur sortant.
La pauvreté, l’accès au logement abordable, la santé mentale, les dépendances, ce sont des questions sérieuses dans plusieurs secteurs de la circonscription, énumère-t-il.
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) espérait vraiment ravir la circonscription aux conservateurs, comme en ont fait foi les nombreux arrêts du chef Jagmeet Singh durant la campagne. N’empêche, voir le NPD faire un gain en Alberta, et ainsi doubler le nombre d’élus néo-démocrates fédéraux dans une province résolument bleue au fédéral, constituait-il une certaine surprise pour Blake Desjarlais? Pas tellement, répond-il.
« Je pense que l’Alberta change, mais qu’en même temps, il y a toujours eu un mouvement progressiste qui passait sous le radar et qui n’avait pas eu la chance de s’unir comme on l’a vu durant la dernière élection. »
L’histoire personnelle de Blake Desjarlais est loin d’être commune si on la compare à celle des autres députés.
Élevé par une tante dans une communauté métisse du nord de l’Alberta, l’élu est le fils d’une travailleuse du sexe autochtone et toxicomane, survivante de la rafle des années 60 durant laquelle des milliers d’enfants autochtones ont été arrachés à leur famille pour être élevés dans des familles blanches.