Bilan de session à Québec : la faille
Radio-Canada
Les sondages sont grisants. Il y a eu quelques gaffes, mais rien pour ébranler les colonnes du temple. Avec un taux de satisfaction qui rivalise avec les scores soviétiques, François Legault peut déclencher les élections générales en août avec la quasi-certitude d’être réélu. Mais, la fin de la session s’est avérée imprévisible. Elle a mis au jour une faille… une faille à l’intérieur même de ses rangs.
L’aile fédéraliste de la CAQ a trouvé que le congrès de Drummondville avait des allures de party péquiste. Et ceux qui ont pris la parole pour lever le drapeau rouge, au conseil des ministres et au caucus, sont surtout les habitués du palmarès comme les Dubé, Girard, LeBel et Boulet. Tous fédéralistes.
L’annonce du retour en politique de l'ex-souverainiste Bernard Drainville est venue après. Un véritable électrochoc dans les rangs caquistes. C’est le grand silence, a dit un député, qui se demande pourquoi il fallait le recruter.
Mais comme le pouvoir est un puissant ciment, les fédéralistes inquiets de l’avenir du parti et les députés nerveux de leur avenir ont pris le chemin de leurs circonscriptions, perplexes, pour des vacances avant le rendez-vous électoral de l’automne.
Le ministre de la Santé, Christian Dubé, qui est aussi acériculteur à ses heures, a livré la marchandise. Ses projets de loi sur l’accès aux médecins de famille et sur la fin de l’urgence sanitaire ont été adoptés. Son plan de rénovation du système de santé a été bien reçu et, pour couronner le tout, son sirop d’érable, qu'il a nommé « Cuvée Libârté », est embouteillé et prêt à être dégusté.
Le très fédéraliste ministre des Finances, Éric Girard, est un maillon important de la coalition de François Legault. Il est gentil et ses collègues l'adorent. Mais plus encore, les quatre budgets qu’il a présentés au cours du mandat ont cristallisé sa crédibilité dans l’opinion publique.
Le revirement de situation a été spectaculaire pour la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais. Après avoir été courroucée à outrance dans les médias sociaux pendant la pandémie, elle a été complètement réhabilitée par la coroner Géhanne Kamel qui l’a félicitée pour son témoignage dans le cadre de son enquête sur les décès dans les CHSLD. Elle a aussi adopté son projet de loi pour contrer la maltraitance des aînés. Elle prend maintenant le large, soulagée, à bord du VR qu’elle vient d’acquérir avec son conjoint.
Le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, a réussi la première réforme de la loi 101. Avec l’adoption de la loi sur la laïcité, il s’installe comme le manitou du nationalisme de François Legault. Mais le prochain mandat pourrait être différent alors que ses ambitions aux plus hautes fonctions sont connues. On veut le voir plus souvent sur le terrain afin de l’humaniser un peu.
Celle qui a connu un mandat horrible a su émerger à minuit moins cinq. La ministre de la Culture, Nathalie Roy, a réussi à adopter le projet de loi sur le statut de l'artiste, ce qui a donné un peu de lustre à son étoile défraîchie. Son nom est maintenant au jeu pour la présidence de l’Assemblée nationale.