Bienvenue au département des miracles de l’Hôpital Jean-Talon
Radio-Canada
Il est 8 h 27. Mina Di Tanna, 55 ans, coiffée d’une couronne de pacotille rose, histoire d’arracher un sourire aux collègues, ose la sérénade pour convaincre une infirmière en vacances de rentrer. « Don’t let me down, don’t let me down! », chante-t-elle sur l’air d’une chanson célèbre des Beatles.
Elle chante un peu faux, mais ce n’est pas grave. Elle réussit à faire rire l’infirmière au bout du fil et à la convaincre de rentrer ce week-end.
Ça fait 16 ans que madame Di Tanna travaille au département de la liste de rappel de l’Hôpital Jean-Talon, un petit hôpital de 180 lits du nord-est de Montréal, aux prises tous les jours avec un manque de travailleurs.
Sa tâche : persuader. Et tous les moyens sont bons. Elle chante. Elle fait des blagues. Elle rappelle les primes données par le gouvernement, supplie, séduit. Sur son bureau, des bonbons et des chocolats sont offerts en permanence pour sucrer le bec aux employés qui passent la voir et à qui elle demande une journée de plus, un quart de travail de plus.
Ici, c’est le département le plus stressant, dit-elle. Il faut trouver du personnel en cardiologie, aux soins intensifs et à l’urgence. Et Mina prend ça très à cœur. Je fais tout ce que je peux pour trouver du personnel. Sinon, ça me tracasse. Je m’inquiète pour les patients.
On fait des miracles tous les jours, lance sa collègue Lila Medbal, assise en face de Mina et qui, comme elle, passe ses heures à contacter des préposés, des infirmières auxiliaires, des infirmières pour qu’il y ait assez de personnel dans chaque unité.
Dans le bureau d’en face, le chef de service des activités de remplacement, Florent Verjus, dresse le bilan des postes à pourvoir avec sa collègue Caroline Blanchet. L’exercice mathématique relève du casse-tête. On enlève quelqu’un ici, on l’envoie là-bas. On déplace des ressources, on calcule. Mais, en ce jeudi matin, ce qui semble l’inquiéter le plus, c’est la nuit de samedi. Les fins de semaine, c’est toujours plus difficile, résume Caroline Blanchet.