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Avons-nous atteint les limites de la mondialisation?
Radio-Canada
La pandémie a montré la fragilité des chaînes d’approvisionnement dans le monde. La guerre en Ukraine nous révèle maintenant notre dépendance de certains pays pour leurs produits agricoles et leurs matières premières. Conséquence : la croissance du commerce mondial pourrait être fortement réduite, prévoit l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
L'invasion russe de l'Ukraine a mis fin à la mondialisation telle que nous l’avons connue au cours des trois dernières décennies, écrivait le 24 mars dans sa lettre aux actionnaires Larry Fink, le président-directeur généralPDG de BlackRock, la plus grande société de gestion d'actifs et d'investissements du monde.
Le découplage de la Russie de l'économie mondiale va inciter les entreprises et les gouvernements du monde entier à réévaluer leurs dépendances vis-à-vis des autres États et à vouloir rapatrier ou du moins rapprocher leurs activités de manufacture et d'assemblage, pense-t-il.
C'est également ce que craint l'organisation mondiale du commerceOMC, selon laquelle il s'agit d'une désintégration de l'économie mondiale en blocs distincts.
Après plusieurs années où le libre-échange a été mis à mal, par le protectionnisme de Donald Trump, le Brexit ou d’autres guerres commerciales, s'agira-t-il du clou dans le cercueil de cette idéologie qui a connu ses heures de gloire dans les années 1990 et 2000?
Ce qui meurt, présentement, c'est peut-être une version idéalisée de la mondialisation, pense Michèle Rioux, professeure de science politique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et directrice du Centre d’études sur l’intégration et la mondialisation.
« On voit maintenant les vrais enjeux, qui sont des enjeux de régulation des marchés. »
Jusqu’à la crise financière de 2008, on croyait, selon la thèse de Francis Fukuyama, avoir atteint la fin de l’histoire avec la victoire du libéralisme sur le communisme. C’est cette idée-là qui vole en éclats maintenant, soutient Mme Rioux. Tous les problèmes que la pandémie et la guerre en Ukraine révèlent, ce sont des problématiques qui étaient déjà là, mais pas aussi exacerbées.
« Peut-être qu’on doit oublier cette mondialisation heureuse, un peu naïve. »