Audience pour un potentiel profilage racial sur des travailleurs migrants en Ontario
Radio-Canada
Le tribunal des droits de la personne de l’Ontario doit entendre lundi un groupe de travailleurs migrants qui estiment avoir été ciblés pour des motifs raciaux par la Police provinciale de l’Ontario (PPO) après une collection d’échantillons d’ADN lors d’une enquête sur une agression sexuelle.
Les 54 demandeurs soutiennent que la manière dont les prélèvements d'ADN ont été effectués a violé leurs droits en vertu du Code des droits de la personne de l'Ontario.
La PPOPolice provinciale de l'Ontario a écouvillonné 96 travailleurs agricoles migrants noirs et de couleur originaires pour la plupart de pays des Caraïbes qui travaillaient en 2013 dans au moins cinq fermes du comté d'Elgin, dans le sud-ouest de l'Ontario, alors que les autorités recherchaient un suspect d'agression sexuelle.
L'avocat des droits de la personne Shane Martínez, qui représente les travailleurs migrants pro bono, affirme que la plupart des travailleurs qui ont subi un prélèvement ne correspondaient pas à la description physique du suspect, à l'exception de la couleur de leur peau.
Les travailleurs étaient antillais, des travailleurs noirs de la Jamaïque, des travailleurs avec de longues tresses rastas, certains étaient chauves, l’un d’entre eux avait des dents en or, détaille M. Martínez. C'était un groupe aussi diversifié que vous pouvez l'imaginer.
[Les travailleurs] ont essayé de fournir des explications. [...] La police les a complètement ignorés et voulait seulement recueillir leur ADN à cause de leur apparence.
Le suspect, quant à lui, a été décrit comme un homme noir mesurant entre 1,75 m et 1,80 m, sans pilosité sur le visage et possédant une voix grave avec un possible accent jamaïcain.
La survivante de l’agression sexuelle a déclaré à la police que son agresseur était musclé et peut-être dans la vingtaine. Elle a dit qu'elle était convaincue que l'agresseur était un travailleur migrant et croyait l'avoir vu près de chez elle dans un secteur rural du sud-ouest de l'Ontario.
Dwayne Henry fait partie des personnes à qui on a demandé de fournir un prélèvement d'ADN il y a huit ans. Il se souvient s’y être conformé, pensant faire quelque chose en accord avec la loi, bien qu’il ne correspondait pas avec la description du suspect.