Au Québec, gagner moins de 20 $ l’heure condamne à rester pauvre
Radio-Canada
Le salaire minimum a beau avoir subi cette semaine sa plus forte augmentation en près de 30 ans au Québec, il reste encore largement insuffisant pour permettre à une personne seule de couvrir ses besoins de base. Le manque à gagner est encore plus grand si elle aspire à sortir de la pauvreté une bonne fois pour toutes, qui plus est dans un contexte hautement inflationniste.
L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) publie mercredi la neuvième édition de son étude sur le revenu viable, un indice que l'organisme a développé pour calculer ce qu’il en coûte réellement pour vivre dignement au Québec, sans risquer de basculer dans la pauvreté au premier imprévu.
Selon l’IRIS, le revenu viable est un indicateur plus précis et davantage exhaustif que la Mesure du panier de consommation (MPC), qui ne s’en tient qu’aux besoins de base (nourriture, vêtements, logement, transport et autres éléments de première nécessité), sans tenir compte de la marge de manœuvre permettant d’avoir, certes, une vie simple, mais aussi décente.
On s'est basé un peu sur la méthodologie de la MPC pour construire un panier de consommation, un panier de biens et de services qui correspond à une vie où l’on sort de la pauvreté, une vie avec des choix, une vie où il y a aussi la possibilité d'avoir un peu d'économie pour répondre aux imprévus de la vie, par exemple pour retourner aux études afin d’améliorer sa condition, précise en entrevue à Radio-Canada Eve-Lyne Couturier, chercheuse à l'IRIS.
« On ne peut pas faire toutes les dépenses qu'on veut, mais il y a la capacité de pouvoir faire des choix et la capacité de se dire : "J'ai envie d'offrir un cadeau à un ami. J'ai envie d'aller prendre un café." Il y a cet espace-là. »
L’IRIS a établi le revenu viable de trois types de ménage : une personne seule, une famille monoparentale avec un enfant en CPE et une famille de deux adultes et de deux enfants en CPE.
Pour tenir compte des variations régionales, les montants nécessaires à une vie exempte de pauvreté ont été calculés dans sept localités différentes, soit Montréal, Québec, Gatineau, Sherbrooke, Saguenay, Trois-Rivières et Sept-Îles.
Entre 2023, l’IRIS estime qu’une personne seule doit pouvoir compter sur un revenu disponible se situant entre 27 047 $ (Saguenay) et 37 822 $ (Sept-Îles) pour vivre dignement.
Si les Septiliens doivent gagner plus cher qu’ailleurs pour sortir de la pauvreté, c’est en partie parce que l’IRIS inclut de facto dans ses calculs les dépenses associées à la possession d’un véhicule.