Au-delà des forêts, les feux ont aussi un impact sur l’approvisionnement en eau potable
Radio-Canada
L’intense saison de feux de forêt que connaissent plusieurs provinces canadiennes a non seulement un impact sur les écosystèmes forestiers, mais également sur l’approvisionnement à long terme en eau potable des municipalités avoisinantes, selon des chercheurs.
Les feux ont notamment un effet sur la santé des bassins hydrographiques, note d’entrée de jeu le professeur spécialisé en hydrologie Uldis Silins, de l’Université de l’Alberta.
C’est quand on commence à voir les impacts descendre en aval, vers les grands centres urbains où vit la population, qu’on s’en rend vraiment compte, souligne-t-il.
Les maux de tête des équipes responsables de l’aqueduc sont connus de la titulaire de la Chaire de recherche du Canada en science, technologie et politique de l’eau à l’Université de Waterloo, Monica Emelko.
Elle a notamment été impliquée dans les recherches menées à la suite du feu qui a dévasté Fort McMurray, en Alberta, en juin 2016. À l’époque, elle s’était entre autres intéressée à la contamination de la rivière Athabasca, dans laquelle la cendre laissée par les feux s’est ajoutée au phosphore et au carbone habituellement transportés par la pluie.
La substance brunâtre qu’elle a alors analysée représentait un défi pour les usines de traitement du système d’aqueduc. Des travailleurs vivaient à l’usine de traitement et y travaillaient fort pour s’assurer que les [évacués] puissent rentrer chez eux en ayant la possibilité de trouver de l’eau dont la consommation était sécuritaire, raconte-t-elle.
Ce que les feux de forêt peuvent déclencher, c’est ce qu’on appelle une cascade trophique, un événement qui a un impact direct sur un écosystème et, par extension, sur la chaîne alimentaire, explique Uldis Silins.
Des forêts en santé interceptent l’eau de ruissellement de la pluie ou de la fonte des neiges. Une fois les arbres brûlés ou éliminés du bassin hydrographique, cette eau aboutit dans les rivières, charriant avec elle de nombreux contaminants potentiels, comme de la cendre ou du phosphore.
L’ajout de phosphore semble lié à une augmentation de la croissance de la végétation et à une présence accrue d’insectes aquatiques, ce qui a un effet sur les poissons, précise-t-il.