Au-delà de Bay du Nord…
Radio-Canada
Pour atteindre nos objectifs climatiques, ce n’est pas un ajout de production de pétrole qu’il nous faut au Canada, mais une réduction de la production. Nous le savons, tout le monde l’a bien compris, y compris le ministre Steven Guilbeault. L’approbation du projet Bay du Nord au large de Terre-Neuve ne doit pas nous faire oublier que le modèle d’affaires des pétrolières de l’Alberta n’est pas voué à un grand avenir.
Le ministre de l’Environnement Steven Guilbeault, critiqué de toutes parts, a du mal à justifier l’injustifiable. Dire oui à un nouveau projet pétrolier, qui va venir ajouter 200 000 barils de pétrole par jour et des centaines de milliers de tonnes de CO2 supplémentaires par année, c’est faire le contraire de ce qui est nécessaire.
Dire oui à un tel projet alors que l’Agence internationale de l’énergie, les experts du GIEC et les Nations unies affirment qu’il ne faut plus mettre en œuvre de nouveaux projets pétroliers, c’est incohérent et incompréhensible.
Et dire oui à ce projet quand on s’appelle Steven Guilbeault, engagé dans la lutte contre les changements climatiques depuis des décennies, c’est un geste que ses alliés du passé ont du mal à accepter. Plusieurs ont été sans pitié dans leurs propos sur le militant devenu ministre.
Cela dit, approuver le projet Bay du Nord, c’est aussi approuver un projet qui est 10 fois moins émetteur de gaz à un effet de serre qu’un projet semblable dans les sables bitumineux. Est-ce que ça justifie pour autant son approbation? Je ne sais pas. Cependant, c’est ici quand même qu’il faut tenter de comprendre ce qui est en train de se passer au Canada en ce moment.
Dans le plan climatique présenté le 29 mars dernier par le ministre de l’Environnement, il est écrit que le secteur des hydrocarbures peut se transformer en producteur mondial de pétrole et de gaz les plus propres. Ces mots sont d’une importance capitale : plus propres.
Ce qu’on doit comprendre, d’abord, c’est que le Canada a tout à fait l’intention de demeurer un producteur de pétrole. Celles et ceux qui s’attendent à ce que le pays cesse de produire du pétrole sont et seront déçus. Les gouvernements en place, conservateurs ou libéraux, n’entendent pas changer cet état de fait.
Le Canada, rappelons-le, est le quatrième pays producteur de pétrole du monde. Les ressources naturelles rapportent des milliards de dollars tous les ans, depuis des décennies, dans le trésor public. Et le Canada a aussi des ententes d’approvisionnement en pétrole avec les États-Unis, vers qui l’essentiel de la production pétrolière est exporté.
Ensuite, en disant que le secteur peut se transformer en producteur parmi les plus propres, le gouvernement reconnaît que la production canadienne est sale, ou à tout le moins extrêmement polluante. Et, pour devenir parmi les plus propres, il faut par conséquent repenser totalement la production des sables bitumineux.