
Attendre 324 jours pour obtenir un rendez-vous avec un médecin spécialiste au Québec
Radio-Canada
Les délais pour consulter un médecin spécialiste au Québec ne cessent d’augmenter depuis un an, à tel point que 80 % des patients jugés « prioritaires » obtiennent actuellement un rendez-vous « hors délais ». Les médecins spécialistes et les omnipraticiens ne s'entendent pas toutefois sur la manière de régler cette situation problématique.
La médecin spécialiste Mélanie Bélanger n’est pas de celles qui pointent du doigt la pandémie pour expliquer les maux du réseau de la santé.
Présidente de l’Association des gastro-entérologues du Québec, la Dre Bélanger est bien consciente de l’état de la liste d’attente dans sa spécialité.
L'an dernier, on avait 29 000 patients en attente. Aujourd'hui, on parle de 43 000 patients. Et je dois vous dire que, sans modification importante à la structure du CRDS [Centre de répartition des demandes de services], l’an prochain, on en aura 60 000, affirme-t-elle.
Il faut dire que la plupart des 25 spécialités médicales affichent une explosion des listes d’attente dans la province.
Selon les données du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) du Québec obtenues par Radio-Canada, on comptait au mois de septembre près de 590 000 requêtes en attente d’un rendez-vous avec un médecin spécialiste, une hausse d’environ 100 000 (ou 20 %) par rapport à septembre l’an dernier.
Un médecin de famille qui soupçonne par exemple chez un patient un début de Parkinson va remplir un formulaire de référence auprès d’un neurologue. L’ensemble des requêtes se retrouvent dans un CRDS régional et les rendez-vous sont offerts aux usagers en considérant notamment la priorité médicale et la proximité du domicile.
Autre drapeau rouge : le délai moyen pour obtenir un rendez-vous est passé à 324 jours. Les cas prioritaires (A, B, C) ont explosé de 56 % et le délai avant d'avoir un rendez-vous est passé à 226 jours. Le code de priorité clinique stipule pourtant que ces patients devraient être vus en moins d’un mois.
La docteure Bélanger est bien consciente qu’on ne peut pas augmenter le groupe de 250 gastro-entérologues du jour au lendemain.