Après la DPJ : projet d’un premier campus pour raccrocheurs
Radio-Canada
Le projet Campus Agora, c’est le rêve de Benoit Bernier, cofondateur de Déclic. Depuis près de 30 ans, cet organisme œuvre auprès des jeunes qui présentent de grandes difficultés, tant d’ordre scolaire que d’ordre psychosocial.
Très souvent, il s’agit de jeunes adultes tout droit sortis du système de la protection de la jeunesse, sans diplôme d’études secondaires ou de formation professionnelle qui pourrait leur assurer un avenir stable.
« Mon rêve, c’est qu’on finisse par regarder ces jeunes-là et qu’on dise : "Ils sont une priorité." »
Le concept du Campus Agora est simple mais pourtant unique : rassembler à un seul endroit tous les services dont a besoin cette clientèle particulière, c'est-à-dire de la scolarisation, de la formation professionnelle, du suivi individuel adapté, du soutien à l’insertion socioprofessionnelle et de l'hébergement.
Pensé selon le modèle d’un campus universitaire, ce campus serait public et géré de manière autonome en économie sociale. Il hébergerait 120 jeunes et serait situé près d’une station de métro dans la région métropolitaine montréalaise pour assurer la mobilité de ses résidents.
« L’idée, c’est d’avoir une approche enveloppante qui s’éloigne de l’approche en silo. Il faut que le jeune reçoive tous les services à un endroit sans avoir à prendre son petit sac à dos avec ses problèmes et devoir cogner à 12 portes pour espérer recevoir de l’aide. »
Quand il ferme les yeux, Benoit Bernier imagine clairement le Campus Agora, à un point tel qu'il en parle comme s'il s'y trouvait déjà.
C’est un milieu ouvert, accueillant, lumineux, où on se sent en sécurité, dit-il avant d’enchaîner : Ici, on voit des enseignants avec de petits groupes d’élèves qui travaillent sur un projet. Certains reçoivent un soutien particulier avec des orthopédagogues et des psychoéducateurs. Là, il y aura un espace de restauration où des jeunes seront en apprentissage pour devenir cuisinier ou serveur. Et plus loin, on trouve des espaces communs et des résidences. Et pourquoi pas un jardin communautaire et peut-être même une ruche?
Les consultations sur le projet de loi 15 destiné à modifier la Loi sur la protection de la jeunesse sont en cours. Elles font suite aux travaux de la Commission spéciale sur les droits des enfants et sur la protection de la jeunesse (CDEPJ) présidée par Régine Laurent, qui recommandait notamment que le gouvernement accompagne davantage les jeunes de la DPJ dans leur transition vers l’âge adulte. Mais des gestes concrets se font toujours attendre en la matière.