Appliquer la loi 101 au cégep: une nécessité pour la survie du français
TVA Nouvelles
Selon le dernier rapport de l’Office québécois de la langue française, l’utilisation du français au travail a connu une croissance entre 1971 et 1989 au Québec. Cependant, «[après] 1989, cette tendance s’est inversée puisque cette proportion a baissé de 7 points de pourcentage, s’établissant à 66% en 2023. Ce niveau se rapproche de celui de 1971» (p. 77).
Ainsi, la situation du français comme langue de travail dans le seul État francophone d’Amérique du Nord est en train de redevenir celle qui prévalait avant l’adoption de la Charte de la langue française.
Il s’agit d’un recul considérable qui doit être freiné. La responsabilité de renverser le déclin du français au Québec revient au ministre de la Langue française et au premier ministre québécois.
Par conséquent, je leur demande d’appliquer les clauses scolaires de la loi 101 qui prévalent aux réseaux primaire et secondaire au réseau collégial, et ce, pour deux raisons.
D’abord, il est démontré qu’il «existe au Québec une association statistique entre la langue dans laquelle un individu a étudié pour l’obtention de son plus haut diplôme d’études postsecondaires et la langue qu’il utilise principalement au travail» (p. 81).
À preuve, en 2016, 23% des personnes de langue maternelle française qui ont obtenu leur plus haut diplôme d’un établissement anglophone travaillaient principalement en anglais, contre seulement 4% pour ceux qui l’ont obtenu dans un établissement francophone.
Pour les personnes dont la langue maternelle n'est ni l'anglais ni le français, 46% travaillent principalement en anglais après avoir obtenu leur diplôme d'un établissement anglophone, soit environ six fois plus que ceux diplômés d'un établissement francophone.
Puis, l’autre raison qui explique que nous devons appliquer la loi 101 au cégep est le fait que l’institution collégiale constitue le seul levier d’action que l’État québécois possède, dans la fédération canadienne, permettant de renverser le déclin du français. Il n’en possède pas d’autres.
L’obtention de la citoyenneté relève du gouvernement fédéral. Une large part des pouvoirs en immigration et en culture relève d’un gouvernement composé à majorité d’anglophones, ce qui laisse peu d’outils au seul État francophone de toute l’Amérique du Nord pour défendre son héritage linguistique.