
Aller combattre en Ukraine, un pensez-y-bien
Radio-Canada
Les Canadiens qui désirent se rendre en Ukraine pour combattre l’armée russe doivent s’attendre à surmonter de nombreux obstacles avant même d’arriver sur les lignes de front, préviennent des experts.
Barrière de la langue, apprentissage en accéléré du maniement des armes, déplacements dans un pays aux nombreuses infrastructures détruites par les bombardements : répondre à l’appel lancé il y a quelques jours par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, n’aura rien de simple pour les volontaires canadiens.
Une fois arrivés sur place, ce n'est pas toujours très simple d'intégrer ces individus-là dans des bataillons [...] Ça pose des problèmes de coordination, surtout que ce sont souvent des gens qui n'ont pas d'expérience militaire, fait valoir en entrevue à Radio-Canada Aurélie Campana, professeure titulaire de science politique à l'Université Laval.
Elle ajoute que les étrangers appelés à combattre aux côtés des forces ukrainiennes risquent d’avoir un choc en arrivant sur le terrain, surtout s’ils n’ont aucune expérience des conflits armés.
La guerre, en Occident, on la voit à travers un écran de télé, une tablette, un ordinateur ou des jeux vidéo. Quand on arrive sur place, les bruits de la guerre, les images de la guerre, c'est tout à fait autre chose, insiste Mme Campana.
« On l'a vu dans le cas de ceux partis se battre contre ou aux côtés de Daesh. Une fois arrivés sur place, ils étaient totalement tétanisés parce qu'ils ne s'imaginaient pas que la guerre, ça pouvait être aussi sale que ça. »
Les volontaires ne sont pas forcément issus de l’importante diaspora ukrainienne qu’on retrouve au Canada. Leur profil et leurs motivations peuvent varier grandement d’un individu à l’autre, précise la professeure Campana.
[Certains] ont le goût de l'aventure, d'autres sont d'anciens militaires [qui] se cherchent une nouvelle cause pour laquelle combattre. D'autres vont suivre un ami ou un pair et se dire : "pourquoi ne pas y aller moi aussi, si j’ai la capacité d'aider", explique-t-elle.
Pour plusieurs, les images diffusées en continu sur Internet, à la télévision et sur les réseaux sociaux montrant des civils fuyant les bombardements ont servi de catalyseur. C’est le cas de Bryson Woolsey, un résident de la Colombie-Britannique s’étant porté volontaire.