Alanis Obomsawin voit des changements « énormes » depuis 60 ans
Radio-Canada
L’année 2021 a été chargée en matière d’actualité autochtone. Pour mieux comprendre les enjeux qui touchent les premiers peuples au Canada, il faut en connaître davantage sur leur histoire, mais également sur l’histoire commune qu’ils partagent avec les Canadiens. Les documentaires de la réalisatrice abénakise Alanis Obomsawin fournissent un éclairage unique.
Depuis 1972, Alanis Obomsawin est présente sur les lieux de plusieurs des événements les plus importants de l’histoire des Autochtones au pays. De la crise du saumon à Listuguj à la crise du logement dans la communauté d'Attawapiskat, en passant par la crise d’Oka, elle a réalisé plus de 50 films au cours de sa vie.
Pour permettre au grand public de prendre connaissance des œuvres de la cinéaste et de mieux comprendre certains enjeux autochtones, le réseau de télévision des peuples autochtones (APTN) a rendu accessibles onze des documentaires d’Alanis Obomsawin sur son répertoire numérique APTN Lumi (Nouvelle fenêtre). Plusieurs sont également accessibles sur le site Internet de l’Office national du film du Canada (Nouvelle fenêtre) (Office national du filmONF).
Espaces autochtones s’est entretenu avec Alanis Obomsawin à propos de ses documentaires, de leur pertinence encore aujourd’hui, mais aussi de l’évolution de la société depuis.
Dans les années 1960, j’étais chanteuse et j’ai fait une campagne pour ramasser des fonds dans le but de construire une piscine à Odanak puisque les enfants de notre communauté n’étaient pas les bienvenus dans la piscine municipale. Mon initiative a passé à Canadian Broadcasting CorporationCBC et c’est à ce moment que l’Office national du filmONF m'a contacté. Je ne connaissais rien des films, j’ai tout appris en travaillant avec cette organisation.
J’ai tout de suite commencé à faire des projets pour les classes et les écoles parce que ma grosse bataille était contre les livres d’histoire du Canada. Ces livres qui servaient à enseigner l’histoire du pays à nos jeunes étaient pleins de haine envers nos peuples, les peuples autochtones.
« Il n'y a pas d’histoire au Québec qui commence avec le Canadien français. »
En 1981, le gouvernement québécois veut imposer des restrictions aux Mi’kmaq pour la pêche au saumon. Des restrictions qui ne tiennent pas compte des habitudes et techniques de pêche traditionnelles de cette nation. Les Mi’kmaq refusent donc de se plier aux exigences du gouvernement et la Sûreté du Québec mène des interventions policières violentes.
Alanis Obomsawin se rend sur place deux ans plus tard pour faire un retour sur les événements tant auprès des Mi’kmaq qu’auprès des Québécois. Elle mène une entrevue corsée avec l’ancien ministre des Pêches, Lucien Lessard, qui avait ordonné les rafles policières.