Agriculture et technologies, le dilemme existentiel des Huttérites
Radio-Canada
Les colonies huttérites prospèrent, notamment dans l'industrie agricole. Cette secte religieuse fait pourtant face à un choix délicat. La technologie, essentielle pour leurs activités agricoles à grande échelle, met en danger leur mode de vie unique. Visite dans une communauté albertaine où les caméras ne sont pas les bienvenues.
Comme tous les midis, dans la colonie de White Lake, au sud de Lethbridge, toute la communauté se retrouve pour manger dans le réfectoire. La salle est divisée en deux, les femmes à gauche, les hommes à droite.
Chacun connaît sa tâche. Elles cuisinent et font la vaisselle. Ils dînent, puis partent travailler. Les vêtements portés sont faits sur place et les repas sont confectionnés avec les produits de leur ferme.
Plus de 80 personnes vivent dans des maisons collées les unes à la suite des autres, et font partie de 19 familles anabaptistes chrétiennes dont la langue principale est l'allemand.
Ils sont uniques, dit John Lehr, professeur émérite de géographie à l’Université de Winnipeg, qui a étudié près de 40 colonies. C’est la société communautaire qui a la plus longue durée de vie au monde.
Suivant les préceptes de leur religion datant du 16e siècle, les huttérites vivent tous en communauté, en retrait du monde, n'ont qu'un compte bancaire communautaire et ont une activité principale : l'agriculture.
David Hofer, secrétaire et trésorier de la colonie, fait partie des membres gradés qui ont le droit à un véhicule tout-terrain pour se déplacer. Blé, pommes de terre, cochons ou poulets : l'exploitation s'étend sur 8000 hectares.
Si leurs vêtements ont l'air d'appartenir à un temps ancien, leurs tracteurs et moissonneuses, eux, suivent les dernières tendances.
On ne peut plus gérer une ferme sans ordinateur ou téléphone, de nos jours. Cela nous aide à mieux comprendre l'état de nos terres et à communiquer facilement entre nous s'il y a un problème à l'autre bout de la colonie, explique David Hofer.