Aînés et COVID : la résilience d’une population encore « mise de côté »
Radio-Canada
« J’ai pas besoin d’aide, chui en santé! », s’emporte Jeanne d’Arc Gosselin, qui vit toujours seule chez elle à 86 ans. Pas d’aide pour le ménage de sa maison à deux étages, pas d’aide non plus pour les courses qui la font sortir de chez elle toutes les trois semaines. La pandémie, elle préfère ne pas trop en parler, selon l’idée que « moins on a de pensées négatives, mieux on se porte ».
Entre deux anecdotes de bravoure ordinaire sur le simple fait de continuer à vivre seule et sans aucun soutien à Geraldton (nord-est de Thunder Bay), Mme Gosselin reconnaît quand même que ça manque un peu, de voir quelqu’un.
Les rencontres de son club social se sont transposées sur Zoom. Désormais connectée sur deux tablettes, elle ne se déplace plus au bowling comme avant, n’étant pas vaccinée. J’ai eu de très mauvaises réactions au vaccin contre H1N1, justifie-t-elle. Je ne veux plus être malade, surtout après deux cancers.
« Qu’est ce que je suis reconnaissante de ne pas être placée dans un foyer! Je suis chanceuse d’être capable de rester chez moi même si je sais que cette vie-là, elle ne va pas durer éternellement. »
Jeanne d’Arc Gosselin passe ses journées entre La victoire de l’amour - une émission quotidienne catholique diffusée à la télévision - et la navigation sur Facebook où elle dit s’informer sur la pandémie. Si l’octogénaire ne sort plus et socialise moins, c’est surtout parce qu’elle redoute d’être jugée, moins par peur d’être contaminée, précise-t-elle.
Ce n'est pas le cas de Dayle Rasmussen, 84 ans, impatiente de recevoir son deuxième rappel pour reprendre ses activités l'esprit tranquille. Au décès de son époux en 2019, cette Ontarienne de Markham a dû apprendre à vivre seule et reconnaît se sentir très isolée depuis.
Ma famille est toujours occupée, ils travaillent tous et je ne les ai vus que deux ou trois fois depuis la pandémie, confie-t-elle. Son leitmotiv? C'est regrettable d'être veuve, mais vous apprenez à vous en sortir.
À l’instar de Mmes Gosselin et Rasmussen, les aînés ont souvent démontré une facilité à s’adapter pendant la pandémie et se sont même mieux débrouillés qu’on ne le pense, observe Suzanne Dupuis-Blanchard, titulaire de la Chaire de recherche en santé CNFS-Université de Moncton sur le vieillissement des populations.
Les premiers résultats de son analyse sur l’impact de la COVID sur le troisième âge confirment que cette population a su mieux appréhender les restrictions que les autres groupes d’âge.