3e lien « carboneutre » : le gouvernement accusé « d’acheter son paradis »
Radio-Canada
La construction du troisième lien « sera elle-même carboneutre », déclarait cette semaine le ministre des Transports, François Bonnardel. Or selon tous les experts consultés par Radio-Canada, il est hasardeux de faire une telle promesse, même si elle est réalisable. À leur avis, il est davantage souhaitable de ne pas construire de nouvelles infrastructures autoroutières si le gouvernement veut respecter les principes de la carboneutralité.
Le gouvernement s'engage à compenser les émissions de gaz à effet de serre (GES) que va générer sa construction, en faisant un projet carboneutre.
Ces faits ne conviennent pas à certains opposants au tunnel, qui se plaisent à tort d’en faire un symbole d’augmentation des gaz à effet de serre, mais les faits sont les faits, a martelé le ministre des Transports dans une déclaration mise en ligne sur sa page Facebook, mardi.
Répondant aux moqueries de ses adversaires politiques, mercredi, François Bonnardel a persisté.
Son cabinet a rappelé que la carboneutralité était visée pour les projets d'infrastructures majeurs au ministère des Transports du Québec (MTQ), et ce depuis quelques années déjà. Parmi les exemples, il a cité l'échangeur Turcot, dont la réfection de 4 milliards de dollars a été compensée par la plantation de 9000 arbres.
La carboneutralité, ça s’accomplit en trois temps : on réduit les émissions, on les limite, puis on les compense en dernier lieu par le biais de la plantation d’arbres et l’achat de crédits carbone, notamment. C’est ce qu’on prévoit faire pour le tunnel, a aussi indiqué son cabinet.
L'autre argument des caquistes pour défendre la valeur environnementale alléguée du troisième lien repose sur la transformation du parc automobile québécois d'ici 2045. En interdisant la vente de véhicules à essence, le gouvernement soutient que des véhicules dits zéro émission rouleront dans le tunnel pendant pratiquement toute la durée de vie utile, estimée à 125 ans.
Mais peut-on réellement promettre que chaque tonne de GESgaz à effet de serre émise lors de la construction du tunnel sous-fluvial de 8,3 kilomètres sera séquestrée par des crédits compensatoires ou des végétaux?
Pour Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l'énergie à HEC Montréal, les objectifs gouvernementaux en matière de réduction de GESgaz à effet de serre entrent en contradiction profonde avec la construction d'une infrastructure de l'ampleur du troisième lien.