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30 septembre : pour qu’enfin vive la mémoire autochtone
Radio-Canada
Trop souvent, on leur a dit de se taire et de ne pas pleurer. Et septembre a toujours été un mois triste pour les survivants des pensionnats pour Autochtones, car il leur rappelle leur départ vers ces bâtiments. Une journée consacrée à leur histoire est un pas en avant vers la vérité et peut-être la réconciliation.
Maggie Sakanee a pleuré de longues heures. Plus de 50 ans de larmes retenues sont sorties d’un seul coup à la fin mai. Même lorsque sa fille de 14 ans s’est suicidée, même quand un de ses frères est décédé d’un accident, elle n’a pas pleuré.
Parce qu’ils m’ont dit qu’on ne pouvait pas pleurer. C’est resté gravé en moi.
Ils, ce sont ceux qui étaient à la tête du pensionnat pour Autochtones où elle a été envoyée avec ses frères et sœurs en Ontario. Une cinquantaine d’années de non-dits, de tabous. Ni son mari ni ses enfants n’étaient au courant.
J’ai toujours pensé que j’étais la seule à avoir vécu cela, dit pudiquement, mais avec beaucoup d’émotion, la dame de 65 ans.
À la fin mai, quand les restes de 215 enfants ont été retrouvés sur le terrain d’un ancien pensionnat pour Autochtones à Kamloops, en Colombie-Britannique, Maggie Sakanee a craqué et 50 ans de pleurs sont sortis.
La découverte a justement fait accélérer l’adoption d’un projet de loi qui répond à l’appel 80 de la Commission de vérité et réconciliation : instituer la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation comme jour férié. Une date a été retenue : le 30 septembre.