
25 ans de la tragédie des Éboulements : un événement fondateur pour plusieurs journalistes
Radio-Canada
Une tragédie faisant 44 victimes. Une scène d’accident accessible aux regards indiscrets. Des premiers répondants partageant leur espace de travail avec les médias. Des journalistes divisés entre le désir d’aider et le devoir de rapporter. Des moyens de communication rudimentaires. La couverture journalistique d’événements comme la tragédie des Éboulements, il y a 25 ans, a bien changé.
On avait un accès au lieu de l’accident qu’on n’aurait pas aujourd’hui. On pouvait s’approcher comme média et être témoin de ce qui se passait. C’était la mort en direct, s’est rappelé d'entrée de jeu le journaliste du Charlevoisien, Sylvain Desmeules, en entrevue avec l’animateur du Téléjournal Québec, Bruno Savard.
L’arsenal des médias, il est vrai, a beaucoup évolué au fil des décennies. Les journalistes affectés aux faits divers peuvent aujourd’hui produire et transmettre leurs reportages de façon quasi autonome. Même que tout pourrait se faire par téléphone intelligent, à condition de se trouver dans un secteur où l’Internet est accessible.
Encore faut-il arriver sur place avant que la police n’ait établi un périmètre de sécurité. De nos jours, avec l'encryptage des communications radio, les forces de l'ordre ont généralement une longueur d'avance sur les journalistes.
Ce n’était pas le cas lorsque l’autocar mal entretenu d’Autobus Mercier a manqué de freins dans la courbe de la grande côte des Éboulements, le lundi de l’Action de grâce de 1997. Quarante-trois des 47 passagers provenant de Saint-Bernard de Beauce et le chauffeur ont péri dans le pire accident routier de l’histoire au pays.
Cette vision épouvantable n’est pas près de quitter Sylvain Desmeules. Deuxième journaliste arrivé sur les lieux après son confrère du FM93 Louis Lacroix, le reporter du Charlevoisien a d’abord eu le réflexe de prêter main forte. Les secours étant toutefois assez nombreux, il a pu rapidement reprendre son rôle d’observateur.
Parce que je vis dans la région, on est appelés à passer souvent dans le coin, dans le secteur. Il n’y a pas une fois où on descend la côte ou on la monte et qu’on n’y pense pas. De revoir ça de près aujourd’hui, évidemment, les images d’il y a 25 ans nous reviennent en tête assez rapidement avec toute l’horreur du drame qui s’est déroulé ici, raconte celui qui est aujourd'hui vice-président information et numérique aux Éditions Nordiques.
La catastrophe était d’une telle importance qu’elle semblait irréelle à sa consœur Cécile Larouche, de Radio-Canada, qui était arrivée quelques minutes après lui sur le site de l’accident.
Je ne le croyais pas, que les gens étaient morts dedans. Je ne le croyais pas… J’ai appelé plusieurs fois à l’hôpital de l’Enfant-Jésus, puis à l’hôpital de Baie-Saint-Paul, pour demander : "Combien vous attendez de gens?" Ils m’ont dit : "Quatre". J’ai dit : "Ce n’est pas possible… Tout le monde est mort?" [...] Je trouvais que l’autobus n’était pas si mal en point, mais il a fallu que je me rende à l’évidence… a laissé entendre la journaliste à la retraite.