20 ans plus tard, le Canada continue de rater sa cible en immigration francophone
Radio-Canada
Dans un rapport publié mardi, le commissaire aux langues officielles signale que le Canada n’est jamais parvenu à atteindre son objectif de 4,4 % d’immigration francophone hors Québec, et « il est incertain que cette cible soit atteinte » même si l’échéance pour parvenir à cet objectif a déjà été repoussée de 2008 à 2023.
Le commissaire Raymond Théberge rappelle que l’objectif initial de cette cible était d’augmenter ou d’au moins maintenir à 4,4 % le poids démographique de la population d’expression française vivant à l’extérieur du Québec, en prenant comme base les données du recensement de 2001.
Pour atteindre cette cible, plus de 75 000 personnes francophones auraient dû être admises au Canada à l’extérieur du Québec entre 2008 et 2020, souligne Raymond Théberge. Ce nombre correspond à la taille d’une ville canadienne moyenne comme North Bay en Ontario ou Medicine Hat, en Alberta, explique-t-il.
Mais même si la cible avait été atteinte de façon constante depuis l’échéance initiale de 2008, cela n’aurait pas été suffisant pour maintenir le poids démographique de la population d’expression française à l’extérieur du Québec, et encore moins pour contribuer à sa croissance, poursuit le commissaire Théberge.
Selon des données d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada citées dans le rapport, plus de 340 000 résidents permanents ont été admis au Canada en 2019, avant le début de la pandémie. À l’extérieur du Québec, parmi les 300 000 résidents permanents admis, moins de 10 000 personnes étaient d’expression française, ce qui équivaut à moins de 3 %.
Le poids relatif de la francophonie diminue, donc ça a un impact sur les écoles, sur les services, sur l’économie. Ça a un impact sur tout le développement de nos communautés, a ajouté Raymond Théberge en entrevue avec Radio-Canada.
La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadiennes (FCFA) du Canada, Liane Roy indique que son organisation est très heureuse que le Commissariat aux langues officielles ait fait ce rapport et endosse presque à 100 % des conclusions qui ne la surprennent pas.
Le rapport démontre les torts irréparables qui sont faits à nos communautés francophones et acadiennes depuis 2003 au niveau de l’immigration francophone, exprime-t-elle.
La FCFAFédération des communautés francophones et acadienne rappelle que la cible a été établie conjointement entre le gouvernement et les communautés francophones, mais celles-ci n’ont jamais consenti à des années de stagnation à moins de 2 % par année, avec un creux historique de 1,5 % en 2015. Elle qualifie la dernière année de perdue en matière d’immigration francophone.