1,5 milliard en trop aux médecins, selon une étude
TVA Nouvelles
Pendant que les médecins se sont enrichis, les infirmières qui se sont contentés de maigres hausses salariales ont fui un réseau amoché. Une réduction de cette rémunération est incontournable pour redresser la barre, selon des chercheurs.
«Si les médecins avaient eu des augmentations salariales similaires à l’ensemble des professionnels du réseau, près de 2 % par année, on aurait 1,5 milliard de plus à dépenser ailleurs, pour embaucher des infirmières notamment», affirme le politologue Philippe Hurteau, affilié à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
La thèse qu’il défend avec sa collègue Anne Plourde est la suivante: pendant que Québec payait trop ses médecins, le système de santé a été sous-financé. Ils calculent un manque à gagner de 2,5 milliards $. Si le gouvernement reprenait ces généreuses hausses salariales, il pourrait effacer une bonne partie de ce désinvestissement.
«Par médecin, ça fait 69 000 $ en excédent. C’est à peu près le salaire d’une infirmière en moyenne. Il y a près de 20 000 médecins au Québec. Évidemment, on ne dit pas qu’il faut embaucher 20 000 infirmières, ça ne serait pas possible, mais ça montre l’ampleur du phénomène», dit M. Hurteau.
Un milliard pour les infirmières
La question du salaire des médecins émerge à nouveau alors que le gouvernement Legault cherche à tout prix à recruter au moins 4000 infirmières pour maintenir le paquebot de la santé à flot. La semaine dernière il a annoncé près de 1 milliard de dollars en primes pour les attirer dans des postes à temps plein, mais ces sommes — près de 15 000 $ par infirmières — ne sont pas récurrentes. Il n’est pas clair que le Québec a la capacité financière de maintenir ces primes à long terme.
Même si le plan a été accueilli froidement, le premier ministre Legault maintient que les infirmières vont rentrer au bercail. Mais déjà, d’autres corps d’emplois se braquent. L’APTS, qui représente notamment les techniciens de laboratoire, technologues en imagerie médicale, est furieuse. Et pour régler le problème structurel du temps supplémentaire obligatoire, il faut embaucher plus de personnel. Une autre dépense récurrente.
Au détriment des autres
L’ex-ministre péquiste de la Santé Réjean Hébert a lui aussi pris la plume cette semaine pour remettre en question le salaire des médecins. Lui-même gérontologue de formation, le Dr Hébert estime que les hausses salariales se sont fait « détriment du reste du réseau ».