États-Unis : trois scénarios d’élections sur fond de déclin de la démocratie
Radio-Canada
Peu importe le taux de participation et les dépenses de campagne qui auront atteint des sommets, il n’y a que trois scénarios potentiels, dont deux sont réalistement possibles, pour les élections de mi-mandat aux États-Unis, alors que le processus démocratique américain est plus que jamais menacé.
Le premier cas de figure, qui voudrait que les démocrates remportent la Chambre des Représentants et le Sénat, est d’ores et déjà à évacuer.
D’abord pour la simple et bonne raison qu’historiquement, dans la grande majorité des présidences américaines, le parti au pouvoir perd toujours en moyenne des dizaines de sièges à la Chambre.
Seuls deux présidents américains ont réussi à augmenter leur majorité dans les deux chambres du Congrès : Franklin Delano Roosevelt et George W. Bush. Une moyenne au bâton plutôt faible, donc, sur l’ensemble des locataires de la Maison-Blanche.
S’il garde les commandes du Congrès, Biden a promis de codifier le droit à l'avortement, d'adopter une interdiction des armes d'assaut, de doubler probablement ses plans pour financer la garde d'enfants et le collège communautaire et de réorganiser le système d’immigration.
Sauf que depuis des mois, aucun sondage n’a montré qu’il était possible pour Joe Biden de remporter le Congrès, surtout dans le contexte où son taux d’approbation vivote autour de 40 %. Que la Maison-Blanche garde ainsi l’avantage remporté il y a deux ans, un avantage si ténu soit-il, demeure mathématiquement et logiquement impossible.
Autre scénario : les démocrates perdent la Chambre des représentants, mais conservent le Sénat. Il y a encore quelques semaines, cette hypothèse semblait relativement coulée dans le béton, permettant ainsi à Joe Biden de garder un ultime pouvoir, si petit soit-il, sur des projets de loi avant de devoir utiliser son veto présidentiel en fonction de ce qui est proposé. Mais depuis peu, l'aiguille du baromètre électoral oscille un peu plus en faveur des républicains pour l'obtention des deux chambres.
Quoi qu’il en soit, si les républicains remportent la Chambre mardi soir – les chances sont majoritairement en leur faveur –, le ton politique, déjà discordant et chaotique vu la courte majorité démocrate de 221 sièges contre 212, changera et deviendra terriblement oppositionnel à tout ce que fera la Maison-Blanche. Il faudra voir quel type de leadership les instances du parti – mais surtout Trump, qui tient le GOP d'une main de fer – choisiront. Si les républicains donnent les coudées franches aux représentants Marjorie Taylor-Greene, Matt Gaetz et autres extrémistes de la même trempe, il n’y aura pas grand-chose de constructif qui sortira de la Chambre.
Ce qui est sûr, par contre, c’est que les républicains se serviront de leur majorité pour essayer d’annuler bien des projets de loi adoptés et pour changer totalement les priorités de Biden, comme des aides militaires de plusieurs milliards de dollars à l'Ukraine ou des initiatives environnementales. Ils tenteront aussi d'utiliser leurs leviers politiques pour fermer ou réduire le pouvoir d’agences gouvernementales, en refusant par exemple de relever le plafond de la dette si un Sénat dirigé par les démocrates rejette leurs initiatives.