Élections 2022 : 10 bonnes mesures économiques
Radio-Canada
Individuellement, nous souhaitons tous que notre pouvoir d’achat s’améliore. Et une baisse d’impôt peut tout à fait paraître alléchante, surtout avec la hausse du coût de la vie ces jours-ci. Mais, si l'on baisse les impôts, on le fait à quel prix? On pige dans le Fonds des générations, qui a été créé pour permettre une baisse de l’endettement à long terme? On fait des déficits à répétition, des déficits structurels? On coupe dans les services publics?
Je suis particulièrement étonné de voir la CAQ, le PLQ et le PCQ proposer des baisses d’impôts qui vont priver les réseaux de la santé et de l’éducation de plusieurs milliards de dollars dans les prochaines années. Nous savons combien les réseaux ont besoin de soutien, combien les infrastructures ont besoin d’amour et d’argent. Et nous savons aussi que notre croissance sera amputée dans les prochaines décennies par un vieillissement de la population parmi les plus importants dans le monde.
Alors, dans le petit palmarès sans prétention que je vous propose aujourd’hui, vous comprendrez que j’ai du mal à insérer les propositions de baisses d’impôt comme étant de bonnes mesures économiques. Les Québécois sont largement taxés, c’est vrai. Mais, ils bénéficient également de services publics étendus et d’un filet social important. Surtout, est-il souhaitable, dans un contexte de possible récession en 2023, de risquer de revenir à des déficits structurels et de devoir, dans quelques années, annoncer aux Québécois qu’il faut finalement relever les impôts?
Par ailleurs, beaucoup de mesures ont été présentées comme étant des solutions de lutte contre l’inflation. C’est une description franchement abusive. Baisser les impôts et donner des chèques, ce sont des mesures qui peuvent avoir l’effet inverse : stimuler la consommation, alimenter davantage l’inflation. Je suis convaincu que nos leaders le comprennent, mais ils cèdent vraisemblablement aux sirènes électorales…
Et puis, à propos du Fonds des générations, Québec solidaire a précisé vendredi que le parti veut mettre fin aux contributions au Fonds, contributions qui arriveront bientôt à 5 milliards de dollars par année. La Coalition Avenir Québec, de son côté, veut utiliser 40 % des versements prévus pour baisser les impôts. Ce sont des propositions légitimes, mais puisque le Fonds des générations est un outil très important de stabilité financière au Québec, ne mérite-t-il un débat plus large et plus long, et plus fondamental?
Voici donc 10 bonnes mesures économiques qui semblent tout à fait intéressantes pour l’avenir du Québec. Ce palmarès n’est pas exhaustif, d’autant que d’autres promesses sont à venir. Mais, tout de même, plusieurs mesures méritent qu’on s’y attarde.
L’une des propositions les plus originales de la campagne, c’est possiblement celle du Parti québécois de mettre en place une PasseClimat de 365 $ par année pour donner un accès illimité à tous les transports en commun du Québec. Ce passeport serait gratuit pour les personnes âgées de 65 ans et plus. Soulignons que Québec solidaire, pour sa part, propose d’abaisser de 50 % les tarifs des transports en commun et de créer Québec Rail et Québec Bus pour s’assurer d’une offre de transport partout au Québec, entre les villes.
Environ le tiers des aînés touchent le Supplément de revenu garanti. Comme le soulignait la CAQ dans un communiqué à la fin août, près de la moitié des personnes de 70 ans et plus ont un revenu inférieur à 25 000 $ au Québec. Et 8 % ont moins de 15 000 $ par année. La CAQ propose donc de bonifier le Crédit d’impôt pour soutien aux aînés pour le faire passer de 411 $ à 2000 $. La somme maximale serait octroyée aux personnes qui touchent moins de 24 195 $ par année et serait progressivement réduite selon le revenu, jusqu'à un plafond de 64 195 $. Cette mesure vise une population qui a besoin d’un nouveau soutien financier de l’État. Ajoutons que le PLQ propose une allocation aînés de 2000 $ pour les personnes gagnant moins de 50 000 $ avec une réduction progressive au-delà de ce revenu.
Le crédit d’impôt pour solidarité est versé aux personnes à faibles revenus. Le Parti québécois propose de doubler le crédit alors que le PLQ propose de le bonifier d’ici quatre ans. Selon la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, plus de 2,8 millions de ménages ont bénéficié du crédit en 2018, pour une dépense totale de 1,74 milliard $. Selon le cadre financier du PLQ, la bonification du crédit coûterait près de 500 millions de dollars de plus à terme.