
Économiser sans couper dans la fonction publique, le défi «compliqué» d’Ottawa
TVA Nouvelles
Ottawa veut retrancher 6 milliards $ de sa bureaucratie au cours des cinq prochaines années sans couper dans le personnel, un objectif ambitieux, voire «compliqué», selon l’ancien grand patron de la fonction publique fédérale.
Le budget 2022 propose d’«évaluer l’efficacité des programmes en ce qui concerne l’atteinte des objectifs prioritaires du gouvernement», et «de déterminer les possibilités d’économiser et de réaffecter les ressources» dans un contexte «post-pandémique».
Si les détails restent à fignoler, quelques pistes sont déjà avancées. Parmi celles-ci, Ottawa veut procéder à la vente ou la location de bureaux ou autres propriétés du gouvernement, puisque de nombreux fonctionnaires ont adopté le télétravail pour de bon.
La présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier, promet un «gouvernement plus intelligent, pas plus petit». De son côté, le ministère des Finances indique dans un courriel que «le gouvernement n’a pas l’intention d’éliminer les programmes sociaux existants».
«Je ne veux pas être pessimiste, mais je suis sceptique», affirme Michael Wernick, qui a été de 2016-2019 greffier du Conseil du Trésor, le plus haut gradé de la fonction publique fédérale.
«Les politiciens ont tendance à promettre qu’on peut couper sans vraiment de dommages. Des coupures sans dommages, ça n’existe pas. Il y a toujours un impact. Un impact sur les services, sur les emplois», ajoute M. Wernick.
Aujourd’hui à la retraite, il était aux premières loges lors des coupes massives du gouvernement de Stephen Harper. Entre 2010 et 2015, le nombre de fonctionnaires fédéraux est passé de 283 000 à 257 000. En 2021, six ans après l’arrivée de Justin Trudeau, le chiffre a grimpé à 320 000.
Comme M. Wernick le détaille dans un article paru dans le magazine «Policy Options» à l’automne, si le gouvernement veut contrôler ses dépenses, il doit aller chercher l’argent «là où il se trouve» : dans ses programmes, qui eux, nécessitent des employés pour fonctionner.
Une solution mitoyenne envisageable serait de geler ou de ralentir le rythme des embauches, tout en laissant partir les plus vieux à la retraite.