Ève Gascon et le sens des affaires du hockey junior majeur canadien
Radio-Canada
Samedi, la gardienne Ève Gascon a défendu le filet des Olympiques de Gatineau, devenant ainsi la troisième femme de l’histoire à participer à un match régulier de la LHJMQ. Même si sa présence n’était requise que pour un match, la talentueuse portière a découvert un aspect du hockey avec lequel elle était moins familière puisqu’elle s’est retrouvée au centre d’une petite partie de bras de fer opposant des fabricants d’équipement de hockey.
Depuis l’âge de 14 ans, Ève Gascon porte de l’équipement de gardiens fabriqué à Lachenaie, dans la région où elle a grandi, par la réputée famille Lefebvre. Les lecteurs de cette chronique connaissent bien l’histoire des Lefebvre. Ces artisans équipent la moitié des gardiens de la LNH et leur séparation de l’équipementier CCM avait fait grand bruit dans le monde du hockey au début de l’année 2020.
Avec le recul, on constate que cette décision corporative de CCM était mal avisée. Un grand nombre de gardiens de la Ligue nationale de hockey (LNH) avaient immédiatement suivi les artisans qui fabriquaient leurs jambières, boucliers, mitaines et masques plutôt que la multinationale.
Puis en septembre 2020, l’équipementier True a conclu une alliance avec le clan Lefebvre, et cette entreprise s’est instantanément taillé une part de lion parmi les meilleurs gardiens au monde.
À ce jour, quelque 35 portiers de la LNH portent de l’équipement True fabriqué par Lefevre (la marque s’écrit sans le b du nom de la famille).
La suite de cet affrontement semble maintenant se dérouler sur les patinoires de la Ligue canadienne de hockey (LCH), qui regroupe les ligues junior de l’Ouest, de l’Ontario et la LHJMQ.
Revenons donc à Ève Gascon, dont la présence à Gatineau a valu au hockey junior une visibilité et une couverture médiatique extrêmement positives à travers le pays. Pour s’acheter une telle campagne publicitaire, la LHJMQ et la LCH auraient probablement dû débourser plusieurs millions.
Mais Gascon, qui est ambassadrice de la marque True, n’a pas été autorisée à afficher cette association lorsqu’elle s’est présentée devant le filet des Olympiques. La raison? La Ligue canadienne de hockey a des ententes contractuelles avec d’autres équipementiers, dont CCM.
Avant d’affronter l’Océanic de Rimouski, Ève Gascon a donc été priée d’effacer toute trace de la marque True sur son équipement. Même son bâton a été peint en blanc pour l’occasion.