À quand un parti autochtone avec ses propres députés?
Radio-Canada
Les leaders autochtones australiens ont officiellement demandé à leur gouvernement d’avoir une voix au Parlement et disent s'inspirer de la Nouvelle-Zélande qui a fait une place aux Maoris en politique. Cela pourrait-il inspirer les Autochtones du Canada ou du Québec? Les spécialistes contactés se montrent sceptiques pour différentes raisons, mais soulignent toutefois que de plus en plus d’instances politiques autochtones sont en train de prendre leur avenir politique en main.
En Australie, cinq ans après la rencontre d’Uluru, qui avait notamment accouché de l’idée d’obtenir une voix au Parlement pour les Autochtones australiens (Aborigènes et insulaires du détroit de Torres), les représentants de l’organisation Voice to Parliament proposent désormais de tenir un référendum national le 27 mai 2023 ou le 27 janvier 2024. À un mois des élections fédérales australiennes, ils veulent en faire un enjeu électoral.
Qu’en est-il chez nous? Au Parlement canadien, les députés autochtones sont sous-représentés (11 députés sur 338 actuellement) et ils accèdent rarement à des postes de ministres. Au Québec, seulement deux députés autochtones ont jusqu’ici siégé à l’Assemblée nationale et l’un d’eux (Ludger Bastien en 1924) a même dû abandonner son statut d’Indien pour pouvoir siéger.
Alors à quand un parti autochtone fédéral ou provincial pour que les intérêts des Autochtones soient mieux représentés?
« C’est important pour les Premières Nations qu’il y ait des forums ou des modèles de consultation où elles se sentent écoutées et entendues. »
L'ex-député abénakis souligne du même souffle que les expériences tentées depuis une quarantaine d’années ont donné des résultats mitigés.
Les tables de concertations régionales, ça donne peu de résultats. On l’a notamment vu avec les Atikamekw dans le dossier des coupes forestières, lance en entrevue à Espaces autochtones celui qui est désormais avocat au sein du cabinet Neashish & Champoux, à Wendake.
S’il souligne que le modèle de gouvernance entre les Cris et les non-Autochtones en Jamésie (Nord-du-Québec) est intéressant, il mentionne toutefois l’importance de ne pas uniquement gérer les dossiers à la pièce afin de pouvoir aller au cœur du problème, qui est la possession du territoire et l’autonomie.
Il suggère de créer, à l’Assemblée nationale du Québec, une commission parlementaire permanente consacrée aux enjeux autochtones. Dans un second temps, une deuxième Chambre parlementaire pourrait aussi être instaurée : le Conseil des régions et des Nations (à l’image du Conseil fédéral allemand qui représente les Länder en Allemagne).