À quand les changements pour les Noirs au Yukon?
Radio-Canada
Assise à l'unique table de son nouveau restaurant, une table d’hôte de huit places qu’elle a aménagée chez elle, Antoinette GreenOliph est remplie d'espoir. La restauratrice yukonnaise de renom espère, par ce nouveau projet, faciliter les rassemblements et créer une communauté noire qui pourrait ensuite faire avancer la cause.
En tout, 265 personnes noires habitent le Yukon, selon les données du recensement de 2016. Il s'agit du plus petit nombre des provinces et territoires. Le groupe démographique a toutefois des origines culturelles très variées, ce qui représente un défi quand vient le temps de regrouper tout le monde.
« Il n’y a pas de communauté, c’est ce que j’espère pouvoir commencer avec ces rassemblements. Réunir toutes ces différentes cultures, cultures noires, et tenter de créer une uniformité, une unité. »
Les activités ou les rassemblements pour les membres de la communauté noire se font rares dans la capitale yukonnaise et pourtant, la ville n’est pas épargnée par le racisme, selon la restauratrice.
Encore récemment, en allant chercher une pizza, Mme GreenOliph a dû interpeller le garçon de la caisse qui avait servi l’homme blanc derrière elle en premier. Un deuxième incident semblable lui est arrivé la même semaine.
C’est tellement démoralisant que ce genre de choses continuent à arriver et je deviens de plus en plus découragée. Je me demande parfois si ça vaut la peine de passer à travers tout ça, de se mettre en avant continuellement pour interpeller les gens, se désole-t-elle.
Yukonnais depuis une trentaine d’années, Paul Gowdie est, lui aussi, las de parler des mêmes enjeux sans voir de changements. Le Mois de l’histoire des Noirs en février, par exemple, a perdu sa signification, selon lui.
C’est décourageant d’essayer de rester à l’avant-plan [de la cause]. Je ne suis d’aucune façon un militant. Il est difficile de rester positif [...] Comment se départir du poids de la cause quand le reste de la population ne semble pas s'en préoccuper?
C’est que deux ans après les grandes manifestations pour le mouvement Black Lives Matter (La vie des Noirs compte), force est de constater que peu de changements ont été apportés à la place des Noirs dans la société, selon Paul Gowdie et Antoinette GreenOliph, qui déplorent l’état actuel des lieux.