À la rencontre d’artistes autochtones qui mêlent tradition et modernité
Radio-Canada
Réaliser une œuvre perlée sur un masque KN95? Peindre à la façon de Norval Morrisseau en incorporant à la toile des personnages des Simpsons? Des artistes renouvellent l’art traditionnel autochtone avec des touches de modernité parfois surprenantes.
Les œuvres récentes de Ruth Cuthand, une artiste crie des Plaines de la Saskatchewan, incorporent du perlage à d'autres types de médiums et sont directement inspirées de l’actualité. Le coronavirus et la pandémie n’ont pas échappé à son imagination ni à son désir de rappeler que la COVID-19 a été dévastatrice pour les Autochtones.
Son œuvre Surviving: COVID-19, réalisée en 2020, est en montre à la galerie d’art Mackenzie à Regina. Elle dépeint le virus avec ses protéines de spécule.
Cette œuvre rappelle une autre série de l’artiste réalisée en 2009, dans laquelle elle abordait déjà les épidémies apportées par les Européens qui, au cours de l’histoire, ont touché des communautés autochtones : la fièvre typhoïde, la varicelle, la coqueluche, la rougeole et surtout, la variole, la plus dévastatrice de toutes.
Une de ses pièces portant sur la variole a d’ailleurs été montrée l’an dernier au Musée des beaux-arts du Canada à Ottawa, dans le cadre d’une exposition sur Rembrandt.
Plusieurs œuvres de Ruth Cuthand dépeignent des sujets en rapport avec la médecine ou la biologie. L’une d’entre elles rappelle une coupe transversale d’un cerveau obtenue par tomodensitométrie. Dans une autre, le virus de la COVID-19, représenté par du perlage, est placé directement sur un masque KN95.
Certaines de ses pièces sont particulièrement évocatrices quand on les regarde à la lumière de la pandémie.
À 68 ans, Ruth Cuthand s’inscrit dans un courant de l’art autochtone qui mêle des formes d’art traditionnelles et des éléments de la culture populaire pour jeter un regard neuf sur la réalité autochtone.
Je voulais donner l’impression de regarder à travers un microscope, dit-elle. Et j’étais vraiment fascinée par la contradiction entre… ce sont de si belles images, on est aspiré par elles, jusqu’au moment où on prend conscience que, oh! ah! c’est la varicelle!