
À Kharkiv, deuxième ville d’Ukraine par la taille, le quotidien sous les bombes russes
Radio-Canada
Depuis que l'armée russe campe aux portes de la ville, les jours se suivent et se ressemblent à Kharkiv : roquettes et missiles s'abattent à intervalles réguliers sur la deuxième ville en importance d'Ukraine, déjà martyre lors de la Deuxième Guerre mondiale.
Bien sûr qu'on a peur, ça tombe presque tout le temps ici! Sorti acheter deux, trois bières, Nikolaï presse le pas pour rentrer chez lui. Le couvre-feu approche, les troupes russes pilonnent souvent en fin d'après-midi.
Deux heures plus tôt, dans ce même quartier de Tiourinka, six personnes ont été fauchées par une salve de roquettes alors qu'elles faisaient la queue devant un bureau de poste pour recevoir de l'aide humanitaire. Vendredi, au moins quatre autres sont mortes hachées par la mitraille, et deux spectaculaires incendies ont été déclenchés par les obus.
Kharkiv, c'est le feu d'artifice tous les jours en ce moment, résume, très sérieusement, un policier installé à un point de contrôle.
En milieu de semaine, en une seule journée, l'administration locale a fait état de 44 tirs d'artillerie, de chars, de mortiers, etc., et 140 tirs de roquettes sur la ville, plus deux tirs de missiles venus de la mer Noire, ainsi que 30 interventions des services d'urgence.
C'est ce que nous appelons une situation stable, ont commenté ces mêmes autorités, un brin ironiques.
Tous les jours, il y a des bombardements indiscriminés sur la ville et de nombreux tués, dénonce le maire, Igor Terekhov. C'est une guerre contre Kharkiv, contre l'Ukraine, contre les civils.
Ville majoritairement russophone de près de 1,5 million d'habitants, Kharkiv, au confluent de trois rivières, n'est située qu'à une petite quarantaine de kilomètres de la frontière russe.
Russe pendant des siècles sous les tsars, elle a été la capitale de l'Ukraine soviétique de 1917 à 1934, conservant des temps communistes d'imposants monuments officiels et bâtiments modernistes. La ville a payé un lourd tribut face à l'Allemagne nazie, avec quatre batailles meurtrières, des centaines de milliers de morts, une population divisée par quatre…