À Gaza, des terres fertiles ravagées par la guerre
TVA Nouvelles
Des traces de char sont encore visibles dans le champ de Nedal Abou Jazar, dans la zone côtière fertile du sud de la bande de Gaza, où des dizaines de plants déracinés côtoient débris métalliques de serres détruites par le passage des blindés israéliens.
Les soldats israéliens «sont arrivés, ils ont détruit toute la zone, ils ont continué à tirer, ils ont détruit toutes les serres», raconte Nedal Abou Jazar, en désignant son champ dans le secteur d’Al-Mawasi, avec la mer Méditerranée en décor de fond.
«Ce sont 40 dounams (quatre hectares) de terres et de serres qui ont disparu», déplore l’agriculteur de 39 ans. «Ils ont tué les ouvriers qui travaillaient dans une serre. Il y a eu cinq martyrs ici», poursuit-il.
Contactée par l’AFP, l’armée israélienne a affirmé qu’elle «n’endommage pas intentionnellement les terres agricoles» et que le Hamas «opère souvent à partir des vergers, des champs et des terres agricoles».
Dans la bande de Gaza, où la guerre fait rage depuis l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien, 57% des terres agricoles ont été endommagées, selon une évaluation publiée en juin par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le centre satellitaire de l’ONU, Unosat.
Les dégâts sont généralement dus au passage «des véhicules lourds, des bombardements [...] qui pourraient aussi se traduire par des incendies», a déclaré à l’AFP un analyste de l’Unosat, Lars Bromley.
Les destructions menacent la souveraineté alimentaire de la bande de Gaza, alerte Matieu Henry, conseiller technique à la FAO, précisant que 30% de la consommation des biens alimentaires du territoire palestinien provenaient de ses terres agricoles.
En 2022, les agriculteurs gazaouis ont exporté pour plus de 44,6 millions de dollars de produits, principalement vers la Cisjordanie occupée puis Israël, les fraises et les tomates représentant 60% du marché, selon les données de la FAO.
Ce chiffre est tombé à zéro avec la guerre qui a éclaté le 7 octobre, après l’attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1 195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.