À court d’argent, une ONG canadienne ne peut plus protéger ses interprètes afghans
Radio-Canada
La nouvelle circulait depuis la semaine dernière et a semé un vent de panique parmi les anciens interprètes et employés loyaux du gouvernement canadien en Afghanistan.
L’ONG Aman Lara, mise sur pied par d’ex-soldats canadiens, les avait prévenus qu’elle n’avait plus assez d’argent pour payer les logements sécurisés où se cachent depuis cet été 1700 Afghans menacés par les talibans. Ce vendredi 5 novembre, c’est comme si le ciel était leur était tombé sur la tête.
Comme des centaines d’autres anciens interprètes des Forces armées canadiennes (FACForces armées canadiennes), Ahmad (nom d’emprunt) se retrouve à la rue du jour au lendemain. La perspective n’est jamais réjouissante, mais à Kaboul, elle est carrément terrorisante, car les rues sont aux mains des talibans depuis la mi-août.
Ahmad ne sait que trop bien ce qui risquerait d’arriver s’il croisait des talibans par mégarde. La semaine dernière, il a reçu un appel menaçant sur son téléphone cellulaire. Un homme se réclamant des talibans promettait de le tuer, lui et toute sa famille, dès qu’il les localiserait.
Je dois quitter Kaboul et aller me cacher. Je ne sais pas ce qui va nous arriver. Priez pour moi et ma famille.
Comme la plupart des Afghans employés par les FACForces armées canadiennes, Ahmad est originaire de Kandahar. Il est cependant impossible pour lui d’y retourner. Il est trop connu dans sa ville natale où il a été beaucoup vu aux côtés des soldats canadiens.
Les talibans le connaissent et le considèrent comme un traître. Ils ont même détruit sa maison. Ahmad a déjà payé un trop lourd tribut. Une attaque à Kandahar en 2018 a tué sa fillette de 1 an et son frère.
Ahmad ne comprend pas pourquoi il se trouve toujours à Kaboul. Trois mois se sont écoulés depuis qu’il a rempli son dossier auprès d’Immigration Canada. Il a obtenu un numéro de dossier et s’est prêté à la collecte des données biométriques à l’ambassade du Canada avant sa fermeture. Il a reçu l’appui de plusieurs anciens soldats qui ont confirmé ses états de service. Et depuis, plus rien.
Pendant deux mois, il a vivoté avec sa famille dans des logements sécurisés mis à disposition par Aman Lara, n’osant pas mettre le nez dehors, en attendant une éventuelle évacuation vers le Canada qui n’est jamais venue.