À Buffalo, « le Canada est à la fois très proche et très loin » pour certains migrants
Radio-Canada
Buffalo a longtemps été la dernière étape à séparer les esclaves de leur liberté au Canada. Aujourd’hui, ce ne sont plus les esclaves, mais des milliers de migrants du monde entier qui y débarquent chaque année, aidés par un réseau de militants, dans l’espoir de traverser la frontière. Cependant, pour beaucoup d'entre eux, les récentes modifications des politiques migratoires entre le Canada et les États-Unis ont mis un frein au rêve canadien.
Je suis en route pour aller chercher ces gens, mais je ne suis pas encore arrivé. Pouvez-vous rester en ligne? demande Matt Tice à la téléphoniste d’un service de traduction en conduisant.
Pas de problème, lui répond la dame au téléphone.
Trente minutes plus tôt, ce travailleur social de formation, qui dirige le refuge pour migrants Vive, à Buffalo, a reçu un appel du service des douanes américaines. Une jeune Hongroise et ses deux enfants, dont un bébé de six mois, venaient d’être interceptés alors qu’ils tentaient de rejoindre la ville canadienne de Niagara Falls.
Matt Tice doit aller les chercher.
Sur le siège arrière, il a installé un siège pour bébé et un banc pour enfant. Il n’a que très peu d'informations sur cette petite famille, mais le temps presse.
L’autre option pour quelqu’un comme elle, qui se fait refouler et qui n’a pas d’autres ressources, serait de vivre dans la rue, donc c’est urgent. [...] Tous les refuges pour sans-abri de la ville sont pleins. [...] On ne peut pas laisser une jeune mère avec des enfants dans la rue, dit-il en conduisant vers le poste frontalier du Peace Bridge, qui relie les États-Unis au Canada.
Les cas comme celui-ci sont monnaie courante pour Matt Tice et son équipe.
L’année dernière, l’équipe de Vive est venue en aide à 2281 migrants en provenance de 70 pays. 80 % d’entre eux souhaitaient aller au Canada et 800 ont opté pour le chemin Roxham.