À boutte, l’essai poétique de Véronique Grenier
Radio-Canada
L'autrice et enseignante en philosophie au collégial, Véronique Grenier, publie un premier essai, À boutte - Une exploration de nos fatigues ordinaires, chez Atelier 10. Un sujet qui s'est imposé rapidement dans l'esprit de la Sherbrookoise pour qui il s'agit d'une première incursion dans ce genre qu'est l'essai.
Ça fait longtemps que je suis fatiguée. Tant qu'à essayer de faire une proposition assez intellectuelle, argumenter sur un sujet, aussi bien regarder un sujet qui me fascine, affirme Véronique, ajoutant au passage, que la fatigue semble répandue autour d’elle. Ses mots trouvent écho.
Son livre, une petite plaquette de 78 pages, est court, mais dense de réflexions intellectuelles soutenues et bellement poétiques.
Le poétique pour moi fait partie de ma réflexion. Oui, c'est un exercice de pensée mais c'est un exercice de ressenti aussi ce livre-là. J'ai d'la misère à détacher la réflexion pleine de l'expérience sentie, corporelle du vécu. C'est ce qui permet justement de faire des échos , ajoute l'autrice.
Cette dernière se permet également des passages plus personnels. Il est facile de se voir dans sa fatigue. C'est un je que les gens prennent, précise-t-elle.
À première vue, un essai sur la fatigue peut assurément rebuter. Pas celui de Véronique, qui se veut accessible par le propos, mais aussi par sa forme originale : le choix des couleurs, les quelques illustrations, les intermèdes plus légers. Le bouquin permet assurément une introduction au genre. Il est apaisant de lire sur la fatigue grâce à sa façon de nous la présenter et de la raconter.
Ce que mon éditrice, Julie Francoeur, trouvait fascinant, c'est que j'avais réussi à faire un livre sur la fatigue qui reposait les gens! Je pense qu'il y a des vertus, des fois, que les choses soient nommées. On cherche des solutions tout le temps, mais des fois, ce qu'on a besoin, c'est de lire, qu’on n’est pas tout seuls, explique Véronique Grenier.
Je vais pas dire tout le monde, mais pas mal de monde je pense, affirme l'autrice, le sourire dans la voix. Selon elle, son essai s'adresse aux fatigués comme à ceux et celles qui n'éprouvent aucunement cet état.
« Je pense que, en le lisant, ça peut nous permettre d'être un peu moins durs à l'égard de ce que d'autres vont vivre. Et ça, je pense que collectivement, on a besoin de cette douceur, de cette bienveillance les uns envers les autres. »