«Des cadavres par terre»: des pèlerins racontent l'horreur de la chaleur du hajj
TVA Nouvelles
Après avoir essayé pendant des années d'obtenir un permis pour le hajj à La Mecque sans succès, Yasser a décidé de l'accomplir illégalement, un choix qu'il regrette amèrement aujourd'hui.
S'il a survécu aux rituels éprouvants menés la semaine dernière dans l'ouest de l'Arabie saoudite, sous une chaleur étouffante, il n'a pas vu sa femme depuis dimanche et craint qu'elle ne fasse partie des plus de 1 100 morts recensés, la plupart des Égyptiens non enregistrés comme lui.
«J'ai fouillé tous les hôpitaux de La Mecque», affirme à l'AFP cet ingénieur retraité de 60 ans, joint par téléphone dans son hôtel, où il hésite à faire la valise de sa femme.
Plus de la moitié des pèlerins décédés lors des temps forts du grand pèlerinage musulman annuel la semaine dernière, venaient d'Égypte: 658 des 1 100 morts, selon un décompte réalisé par l'AFP à partir des données fournies par une dizaine de pays et diplomates impliqués dans les opérations de recherches.
Le département d'État a fait état de «plusieurs» citoyens américains morts pendant le hajj sans fournir davantage de détails.
Selon un diplomate arabe, l'écrasante majorité des Égyptiens décédés n'avaient pas les autorisations nécessaires qui permettent d'accéder aux commodités durant le pèlerinage, telles les tentes climatisées offrant un répit aux fidèles sous des températures ayant grimpé à 51,8 degrés Celsius à la Grande Mosquée de La Mecque.
Vendredi, dans un premier commentaire saoudien sur ces décès, un haut responsable a défendu la gestion du pèlerinage, assurant que l'État «n'a pas failli».
Selon lui, les autorités ont confirmé 577 décès pour les deux jours du hajj les plus chargés: samedi, quand les pèlerins se sont rassemblés sous un soleil de plomb sur le mont Arafat, et dimanche, quand ils ont participé au rituel de la «lapidation du diable» à Mina.
«Cela s'est produit dans un contexte de conditions météorologiques difficiles et de températures très sévères», a-t-il dit à l'AFP, en reconnaissant que le chiffre de 577 était partiel et ne couvrait pas la totalité du hajj, qui s'est officiellement terminé mercredi.