« Tout pays qui utilise le vaccin sans d’autres mesures induit sa population en erreur »
Radio-Canada
Si la pandémie semble maîtrisée à certains endroits, à l’échelle mondiale, elle est loin d’être terminée. En moyenne, la COVID-19 infecte plus de 3 millions de personnes par semaine dans le monde, rappelle le Dr David Nabarro, envoyé spécial de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) responsable d’analyser la pandémie.
Le Dr Nabarro, codirecteur de l'Institute of Global Health Innovation à l'Imperial College au Royaume-Uni, a une longue feuille de route dans la lutte contre les pandémies. Il a été le coordinateur principal des Nations unies pour la pandémie de grippe aviaire de 2005 à 2014, puis envoyé spécial de l’ONU pour l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest.
En mars 2020, il était mandaté par l'ONU pour aider à coordonner la réponse de l'Europe à la pandémie de COVID-19 et offrir des conseils stratégiques à l'ONU par rapport à sa gestion de cette crise sanitaire. Il dresse certains parallèles avec l’épidémie du VIH qui, elle aussi, avait créé énormément d’incertitude et de questionnements de la part des autorités en santé publique.
David Nabarro : Le moment le plus dangereux [d'une pandémie] est lorsqu’on observe une baisse dans la courbe épidémiologique, car c'est à ce moment-là qu’on assouplit les règles, que les gens cessent de faire attention et commencent à se rassembler. Alors, les cas augmentent à nouveau.
Le message [des politiciens] est que nous ne pouvons plus vivre confinés et qu’il faut retourner à nos vies. Ils se disent que si nous l’affirmons haut et fort et avec beaucoup de conviction, le virus disparaîtra. C'est comme si les gens pensaient que le virus avait un cerveau et qu'il était capable de réagir à l'humeur des gens. Mais mon expérience avec ces agents pathogènes est qu'ils sont remarquablement déterminés.
Il y a beaucoup trop d'infections de COVID-19 en circulation dans le monde en ce moment, [...] ce qui permet au virus de continuer ses mutations. Et la situation est très différente de l’an dernier, où le virus était principalement au Royaume-Uni, au Canada et aux États-Unis. Cette fois, il est partout. Nous ne savons pas comment ça va se dérouler [dans les prochains mois]. Il faut être très prudent.
On fait vraiment un gros pari [en assouplissant certaines mesures]. Et je pense que nous ne savons pas sur quoi nous parions.